La police est venue, place de la République, non pour arrêter les migrants mais pour les déloger.
La vidéo est sans ambiguïté : on voit un immigré se lever, prendre son sac et courir pour s’éloigner. Il passe alors entre deux policiers dont l’un tend la jambe au moment où il passe. L’homme tombe, le policier le regarde se relever, reprendre son sac et repartir.
Comme le croche-pied n’a pas pour but l’arrestation de l’homme, que signifie-t-il ?
Il est le geste du gamin dans la cour de l’école qui fait tomber pour la jouissance de maîtriser l’autre par l’arrêt du mouvement. Geste primaire comparable à celui du chat jouant à tenter d’arrêter tout ce qui bouge.
Venant d’un adulte, à plus forte raison d’un policier dont la mission est celle de maintenir un ordre qui contient la liberté de mouvement, il est, au minimum, le signe de l’irresponsabilité.
Seulement, l’enfant de la cour de récréation a un œil en direction du maître qui surveille et il ne fait le croche-pied que s’il se sait hors-de-vue.
Ici, le policier n’émet pas le moindre signe d’une inquiétude liée au regard d’une autorité.
Il fait tomber l’homme et le regarde se relever. Un geste qui semble spontané.
Le premier problème concerne l’autorisation de porter l’uniforme de maintien de l’ordre public donnée à quelqu’un qui ne sait pas maintenir son propre « ordre personnel ».
Le second, l’absence d’inquiétude. L’homme, délogé de sa tente, qui se relève et qui court parce qu’il se sent en danger, est, parce qu’il est un migrant, réductible au mouvement. Run, nigger, run ! C’est en quoi la spontanéité du geste n’est qu’une apparence. Il est déterminé en amont par un discours idéologique.
Sans la vidéo – elle montre le visage du policier – l’événement serait inconnu.