Le traité de « paix » imposé par Trump et Poutine à l’Ukraine – avec ultimatum à la clé – est une autre expression de la mort du discours, en ce sens qu’il fait de l’Ukraine le coupable et renverse donc le rapport de causalité, comme si la pluie tombait parce que le sol est mouillé.
La mort du discours, c’est le remplacement du rapport entre la parole dite et le réel par l’identification du réel à l’orateur qui peut donc dire n’importe quoi sans crainte d’être contredit puisqu’il est par définition incontestable – comme Dieu : en particulier, selon le discours premier de Poutine, l’Ukraine est un régime fasciste qui menace la Russie. Depuis le début de son mandat Trump dit la même chose dans son propre langage (cf. la séance d’humiliation de V Zelensky dans le bureau ovale).
Depuis sa seconde élection, s’est installé le « je ne veux pas savoir que Trump = Poutine » de V. Zelensky et des dirigeants européens. Ou « je fais comme si je ne voulais pas savoir », ce qui revient au même en ce sens qu’il n’y a pas de discours politique, notamment européen, qui dit en quoi Trump et Poutine sont des expressions analogues de la mort du discours – certains psychologistes politiques « expliqueront » par la « naïveté » du président ukrainien et des dirigeants européens.
Cette décision de ne pas dire est grave parce qu’elle signifie la validation de cette mort du discours dont elle est elle-même une expression.
De ce point de vue, V. Zelensky et les pays européens sont coresponsables, et l’argument du « on ne pouvait pas, alors, se priver de l’aide des USA » révèle désormais sa vanité : la situation que l’Ukraine doit accepter aujourd’hui est pire que celle qu’elle connaissait quand Trump a été élu.
Il y a, dans ce déni, le mythe de l’Amérique réduite aux Etats-Unis (cf. Make America Great Again), eux-mêmes réduits à l’image de la statue de La Liberté, sans précision de contenu. Il y a, surtout, le problème que pose l’élection démocratique, autrement dit de la démocratie dont se réclament Trump, Poutine, Erdogan, Orban… aussi démocratiquement élus que les chefs d’Etat et de gouvernements européens.
(cf. articles « Le commun aujourd’hui)