Journal – 27 – La force d’âme et les dividendes – (06/03/2025)

Dans le compte-rendu (Le Monde) du discours du Président (hier soir – si je disposais d’une grande honte j’avouerais que ne l’ai pas écouté, mais, vérification faite, je n’en ai pas) j’ai relevé ce passage apparemment conclusif : « Sollicitant leur « engagement » pour la « patrie » et faisant appel à leur force d’âme » pour surmonter les difficultés à venir. « Notre génération ne touchera plus les dividendes de la paix, a-t-il conclu, lugubre. Il ne tient qu’à nous que nos enfants récoltent demain les dividendes de nos engagements. »
D’abord, la force d’âme. Comme ça, on pourrait croire que c’est du Hugo, celui de Les Misérables. A la fin du roman, on assiste à l’envolée de l’âme de Jean Valjean dont la force n’était seulement de soulever les charrettes mais aussi la capacité à se remettre en question sous l’effet de ce qui pourrait être la grâce divine. Cf. l’affaire de l’argenterie volée chez Monseigneur Myriel, prénommé Bienvenu, ça ne s’invente pas, ou plutôt si, ça s’invente. Je précise que j’aime le roman et toute l’œuvre de Victor Hugo. Que Jean Valjean ait une âme et qu’elle s’envole au moment de sa mort ne me pose aucun problème.
Ce qui m’en pose un, c’est que le président m’en donne une, puisque je suis français. Vérification faite dans tous les coins et recoins, comme pour la grande honte ou la honte tout court, je n’en ai pas trouvé. Donc, soit je ne suis pas un Français, soit j’en suis un faible, puisque cette âme est forte.
On me dira que c’est une métaphore, qu’il ne s’agit pas d’une âme pour de vrai. D’accord. Mais une métaphore de quoi ? J’ai beau regarder partout chez moi, je ne trouve pas non plus un engagement pour la patrie, parce que, la patrie, je ne sais pas bien ce que c’est, surtout quand j’entends le RN se définir comme patriote. Là, j’aurais plutôt envie de dire que la patrie, hein… Bon.
Reste la question des dividendes. Pour ceux qui l’ignoreraient parce qu’ils ne détiendraient pas d’actions – je n’en détiens pas mais je sais quand même ce qu’est un dividende parce que je suis cultivé et tout et tout – les dividendes, c’est l’argent, pris sur les bénéfices et versé par une entreprise à ses actionnaires.
On me dira encore que « dividendes de la paix » et « dividendes de nos engagements » ce sont toujours et encore des métaphore et que le cultivé et tout et tout que je prétends être l’est plutôt un ignorant et rien et rien. D’accord.
Je reposerai quand même la question : une métaphore de quoi ? La paix et l’engagement seraient comme des entreprises qui feraient des bénéfices ?
On voit bien que notre président ne connaît rien ni au capitalisme ni à la banque.

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