Journal – 8 (21/01/2024)

Ce matin le ciel était presque bas et lourd comme un couvercle – Baudelaire, qui n’est pas principalement connu pour un sens développé de l’humour, me fait quand même un clin d’œil – jusqu’à la cantate BWV 111 et, surtout,  la Grande fantaisie et fugue pour orgue en sol mineur BWV 542 de Bach, diffusées dans l’émission dominicale Le Bach du dimanche, dont j’ai déjà parlé. Je vous invite à y jeter une oreille (site France Musique – Le Bach du dimanche). Même les deux. L’orgue peut parfois donner l’impression de fouillis quand les différents claviers ne sont pas bien joués. Ce n’est pas le cas ici : le jeu est clair, les claviers sont distinctement audibles.

Corinne Schneider qui présente l’émission oppose le caractère « désespéré » du prélude/fantaisie à la fugue « lumineuse et jubilatoire ». Je vois plutôt dans l’une les différentes phases d’une gestation et dans la seconde – d’accord avec les deux qualificatifs – celles d’ un accouchement. Une métaphore qui donne une unité à l’ensemble.

Le livret de la cantate, explique Corinne, vise à persuader que Dieu décide de toute chose, même de la mort, et il s’agit de convaincre les chrétiens de s’en remettre à sa volonté. Une fois cette soumission réalisée, le réconfort apporté par Dieu sera alors inestimable, même au moment de la mort.

Bon. Comme je ne connais pas l’allemand je n’ai rien compris aux paroles et je n’ai donc pas été convaincu des bienfaits de la soumission.

En revanche, la musique m’a permis de soulever le couvercle.

De là à imaginer que la musique de Bach n’a pas à voir avec le discours des textes…

Jetez une autre oreille.

Vous entendrez.

Notamment, dans l’accompagnement au basson du premier air chanté par la basse, les trois notes dont parle le Breton hivernal. Le duo de l’alto (interprété par une voix d’homme) et du ténor ne me donne pas du tout envie de me soumettre, plutôt de danser. Et la danse et la soumission…

Le chœur qui termine la cantate par un accord (mineur) de profondeur chante, dans l’arrêt du mouvement, l’harmonie du corps et de l’esprit.

Je lève un œil en direction de ma lucarne.

Le ciel est bleu.

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