L’invraisemblable et vrai V. Poutine à Pékin

Mercredi 18/10/20233, le journal d’Arte (19 h 45) diffusa une séquence où l’on voit V. Poutine – invité par Xi Jinping avec de nombreux chefs d’Etat pour le forum des « Nouvelles routes de la soie » – exprimer gravement et tristesse sa compassion pour les habitants de Gaza victimes des bombardements et souhaiter avec de l’émotion dans la voix la fin des hostilités entre Israël et les Palestiniens.

Comme si ce V. Poutine désolé et compatissant mis au premier plan par la Chine, était un V. Poutine autre que celui qui bombarde et désole l’Ukraine depuis plus d’un an et demi et qui est sous le coup d’un mandat d’arrêt international, émis par une Cour Pénale dont l’internationalité s’arrête aux frontières de la Russie, de la Chine… et des Etats-Unis.

Cette image du double est significative de la double dichotomie du monde actuel où s’affrontent deux types de discours antagonistes sous-tendus désormais par des forces économiques et militaires analogues.

La première oppose l’union économique de l’est (Russie, Chine) et du sud (Afrique – soutenue par l’une et l’autre) d’une part, du centre-Europe et de l’ouest (USA) d’autre part, pour des raisons essentiellement liées à l’histoire coloniale (occupations territoriales et économie).

La seconde concerne les pays du centre-Europe et de l’ouest (USA) dans lesquels le capitalisme est désormais perçu sans une solution de rechange qui puisse jouer le rôle de faire-valoir, et où le désarroi, augmenté du problème climatique et de la crise migratoire, conduit au repli et au nationalisme : même si des coalitions plus ou moins sociales-démocrates peuvent faire illusion (notamment en Pologne), les partis de droite et d’extrême-droite deviennent peu à peu des expressions électorales   majoritaires, pour l’instant relativement, (Italie, Israël, Hongrie, pays nordiques, France… et Allemagne).

La gauche  qui ne comprend pas ou ne se résout pas à admettre que le capitalisme n’est pas réductible aux formes qu’il a prises depuis la fin du 18ème siècle n’a plus de discours audible du « commun ».

Ce qu’on appelle « terrorisme islamique » – en réalité, depuis le fiasco de l’expérience soviétique, des crimes de désespérance, signes du désarroi planétaire (sociétés et individus : cf. les derniers assassinats en France et en Belgique) lié à l’absence d’alternative au système incarné par les puissances occidentales – se manifeste sous des formes militaro-politiques (Hezbollah, Hamas) dans la situation explosive du Moyen-Orient (Liban, Syrie, Iran, Israël – Autorité palestinienne/Hamas) et contribue à creuser les dichotomies.

V. Poutine entouré de cent quarante chefs d’Etat ou de leurs représentants, apparaissant comme un chef d’Etat « normal », signifie la faiblesse et l’obsolescence du discours capitaliste normatif (D. Trump en est un exemple paradoxal) orphelin du discours contradictoire du « commun ».

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