Le journal de 7 h 00 des Matins d’été de France Culture (25/08/2023) diffusait un extrait d’une interview de N. Sarkozy dans laquelle il déclare que, pour gagner l’élection présidentielle de 2027 face à M. Le Pen, il faut un candidat de la droite républicaine capable de rassembler les électeurs du parti Les Républicains et ceux, de la même tendance politique, qui ont rejoint E. Macron dans les élections précédentes. Pour lui, G. Darmanin est le candidat qui convient.
Ce propos est – à un degré primaire – une expression de l’essence de « la droite » en ce sens qu’il décrit un monde statique : ce qui aujourd’hui est, sera dans quatre ans, ce qui présuppose l’implicite « c’est comme ça » (il fut et est encore explicite) qui a servi de justification au maintien d’un statu quo (précisément : statu quo ante = ce qui était avant) dans les divers domaines de la vie sociale (instruction, structure sociale, place de la femme, sexualité, filiation etc.).
Le corollaire en est l’arrêt du temps, un fantasme dont le statu quo est le signe : dire qu’il faut en rester à ce qui était, implique qu’on est en passe de ne plus l’être, ce que rappelle l’Histoire de la société humaine.
De ce point de vue, on peut dire que l’esprit de droite est l’expression sous la forme organisée notamment de partis politiques, du déni – dont la tentation est commune – de la trajectoire du vivant, en particulier de sa fin.
Déni « raisonné » dans l’esprit de droite (E. Macron), pathologique dans celui d’extrême-droite.
E. Borne, qui fut proche du Parti socialiste, répond au journaliste qui lui demande ce qu’elle pense des propos de l’ancien président : « 2027, c’est loin. » Une réponse dont la référence au mouvement est connotée d’un imprévisible de type fataliste ou transcendant, pas plus éloigné du « c’est comme ça » que la première ministre ne l’est du président qui l’a nommée.