Deux termes modernes formés à partir du latin species : vue, regard, ensemble des traits qui caractérisent et font reconnaître un objet.
Le spécisme établit une hiérarchie entre les espèces vivantes, l’antispécisme la refuse.
Si les deux noms sont récents, ce qu’ils recouvrent ne l’est pas, à savoir le rapport de l’homme avec les autres espèces, historiquement un rapport de domination de l’homme sur le vivant.
En tant qu’il concerne les critères de la hiérarchie, le problème est d’ordre métaphysique ou philosophique – je considère essentielle la distinction entre les deux, étant donné que l’une renvoie à croire, l’autre à savoir. Celui qui croit que Dieu à créé l’homme à son image (métaphysique), et quel que soit le degré de son empathie pour les créatures, ne peut être que spéciste, celui qui n’a pas besoin d’un Dieu ne peut être qu’antispéciste, sauf à construire des critères autres que métaphysique, donc idéologiques, pour justifier les discriminations dont il a besoin.
Actuellement, le spécisme et l’antispécisme s’affrontent sur le terrain de la nourriture, une impasse très commode qui permet de dévier la problématique du commun humain vers celui de la consommation de viande, donc de transformer une problème philosophique en un problème protéinique et moral.
Tous les êtres vivants ne mangent que du vivant – végétal ou animal – qu’ils tuent – à l’exception des animaux spécialisés dans le nettoyage des cadavres. C’est en quoi « tu ne tueras pas » est une aberration : nous – les êtres vivants – passons notre vie à tuer pour nous nourrir.
La manière dont nous tuons, telle est la question que la focalisation sur la nourriture limite à l’abattoir animal, ce qui permet d’évacuer l’abattoir humain – personnes dépendantes, prison, guerre.