Le RN et la prostitution

Le Monde (12/12/2025) publie un article sur le projet de loi d’un député du RN visant à la réouverture de ce que furent les maisons closes (euphémisme de bordels), fermées par la loi dite « Marthe Richard » de 1946.

La première réaction pourrait être : ce qui vient du RN est à rejeter parce qu’il n’y a rien de bon à attendre de l’idéologie d’extrême-droite.

La seconde, plus calme, invite à distinguer ce qui ressortit aux convictions, autrement dit à ce qui participe de cette idéologie, de ce qui est exploitation opportuniste des carences de la sphère politique.

Le moyen de savoir ?

Examiner le discours politique « classique » sur la prostitution.

Les mesures d’interdictions et d’amendes en tout genre disent clairement qu’il est de même nature que celui qui concerne les « drogues ».

En d’autres termes, il s’agit du déni, souvent enveloppé d’hypocrisie, du besoin humain de « béquilles » de toutes sortes, du sucre à la cocaïne en passant par toues les addictions imaginables. (cf. article du 30 novembre sur les narcotrafiquants)

Pour la prostitution, comme pour la pornographie, il existe un discours réducteur qui consiste à dire que les acteurs, ou plutôt les actrices, sont des victimes de mafias, de souteneurs, d’organisations criminelles.

Il paraît plus juste de dire que la politique d’interdiction et de répression contribue à faire émerger et à nourrir le milieu criminel qui exploite principalement des jeunes femmes en situation de précarités diverses.

Si, par hypothèse, on parvenait à supprimer ce type de situations créatrices de proies, est-ce qu’on supprimerait pour autant les causes qui, pour simplifier, conduisent non seulement des hommes à rechercher des prostituées, mais encore des femmes à devenir des travailleuses du sexe ? Des témoignages récurrents révèlent que le problème ne peut pas se réduire à l’explication par la contrainte. Idem pour la pornographie.

L’hypothèse d’un monde sans prostitution ni pornographie – ni drogues – relève d’une utopie dangereuse en ce sens qu’elle vise une « pureté » qui n’existe que dans les esprits névrosés.

Le député propose non des maisons closes comme dans le passé, gérées par des proxénètes, mais des coopératives autogérées par les travailleuses du sexe elles-mêmes. La proposition rejoint la demande du Strass (syndicat du travail sexuel – marqué à gauche) qui regroupe les prostituées et les actrices de pornographie exerçant librement et dont la porte-parole assure qu’il est exclu de se retrouver en position d’alliance avec le RN.

La législation actuelle conduit les banques à refuser aux prostituées l’ouverture de comptes professionnels et aux loueurs de refuser un bail qui en ferait des proxénètes.

Un député de droite (LR) a proposé en 2024 à ses collègues un projet de modification de la loi pour assurer plus de sécurité aux travailleuses du sexe, comme en Belgique. 9 ont répondu, dont 3 LR et 3 RN. Le projet a été abandonné.

Où est la gauche ?

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