Les récents assassinats à Marseille ont réactivé le débat dont la focale est toujours mise sur la répression des utilisateurs et fournisseurs de « drogues ».
Le débat sur la fin de vie est un autre exemple de cette tendance à esquiver la problématique pour ne viser que les effets réels ou supposés dont tous les traitements imaginables ( ici, la répression) ne peuvent jamais être une solution.
Cette ébauche de dialogue – dans les contributions du Monde – en est une illustration.
Ma contribution :
« Nous savons qu’il n’existe pas de solution policière/judiciaire. Toutes les prisons du monde ne peuvent rien contre le besoin humain de drogues – quelles qu’elles soient – pour tenter de gérer l’angoisse, spécifiquement humaine, et qui concerne chacun de nous. La seule solution est de sortir le problème du cadre de l’interdit pour le placer dans celui de l’accompagnement de ce besoin qu’il importe, d’abord, de reconnaître. Sa prise en charge par la communauté permettrait non seulement de sortir de la spirale mais encore d’améliorer la gestion de la commune angoisse individuelle qui, pas plus que la souffrance, n’est de l’ordre du jugement moral. »
Une réponse :
« Oui enfin il y a aussi beaucoup de consommateurs d’agrément, de milieux favorisés, qui pourraient tout à fait ne pas consommer, tous les consommateurs ne sont pas dans les mêmes situations et tous ne sont pas dans des situations sociales critiques et ne sont pas des « victimes », c’est un peu facile de décréter que la responsabilité individuelle est nulle et non avenue dans tous les cas… la déresponsabilisation des consommateurs est une anomalie majeure… »
Écrire que des consommateurs « pourraient tout à fait ne pas consommer » est un bel exemple des limites de l’analyse qui refuse de seulement poser la question de la cause : l’explication par l’« agrément » « va de soi » parce qu’elle renvoie, dans le cadre du « favorisé », à quelque chose qui s’apparente plus ou moins confusément à l’absence de l’angoisse qui concernerait seulement le « non favorisé ».
Ma réponse :
« Votre lecture de ma contribution n’est pas pertinente en ce sens que je ne parle jamais de victime, mais de l’angoisse propre à notre espèce et sur laquelle il est possible d’agir. Les raisons qui conduisent aux diverses « drogues » (pas seulement les stupéfiants, mais l’alcool, le sucre, « dépasser ses limites »…) ressortissent à cette angoisse – mal gérée – et aux peurs associées – elles sont liées à la conscience spécifique que nous avons de notre mort. Quant aux personnes, il ne m’appartient pas de les juger. Je pense en outre que la reconnaissance et la gestion commune de cette spécificité humaine – en particulier dans le cadre d’un enseignement à l’école de la mort telle qu’elle est – pourraient conduire à réduire les comportements d’addiction. »