« Perdre ses enfants », dit le chef d’état- major

« Si notre pays flanche, parce qu’il n’est pas prêt à accepter de perdre ses enfants – parce qu’il faut dire les choses –, de souffrir économiquement – parce que les priorités iront à de la production de défense, par exemple –, si on n’est pas prêt à ça, alors on est en risque », a récemment déclaré le chef d’état-major des armées.

 « Comment en est-on arrivé là ? » est la question posée par l’impensable. Après coup.

Au 19ème siècle, Marx était persuadé que la guerre ne serait plus possible parce qu’il était convaincu que l’internationalisme prolétarien l’emporterait sur les intérêts du capitalisme international instigateur des conflits armés. « Les ouvriers n’ont pas de patrie », assurait-il avant la guerre de 1870.

La guerre de 14-18 devait être la dernière. Celle de 39-45 celle du « plus jamais ça ».

Le discours de la guerre est à nouveau d’actualité, et s’il est prononcé, c’est qu’il est audible, sinon attendu plus ou moins confusément par une certaine opinion publique. Le « Il faut dire les choses » qui résonne comme le « on ne va pas se raconter d’histoire » du diagnostic médical, tend à présenter la guerre comme une maladie de cause externe.

L’acceptation de la guerre est le résultat ultime d’un abandon de la pensée – on cogne quand on est à court d’arguments ou qu’on ne veut pas voir – et il faut aller regarder du côté des contempteurs du « woke », l’étiquette commode qu’aiment bien D. Trump, V. Poutine, et qu’ils collent sur les contradictions qu’ils détestent parce qu’elles invalident l’idéologie de l’identité nationale gravée dans le marbre.

Un déni qui produit les diverses expressions des « Moi d’abord ! » qui ne peuvent que se terminer que par les « Moi plus fort ! » de la guerre.

Voir du côté de, ce n’est pas identifier une origine, mais constater un processus déjà engagé, qui n’est pas d’abord de l’ordre de l’argumentaire, mais du désarroi.

Ceux qui lisent le blog savent que l’implosion soviétique est à mon sens un tournant important de l’histoire, sinon le tournant majeur, en ce sens qu’elle est est le signe de la fin d’une dialectique (capitalisme < – > communisme-marxisme) dont le second terme désormais obsolète n’a pas été (encore) remplacé par le commun de l’espèce humaine. S’il l’est jamais.

Ce tsunami (mal perçu) de la fin des années 1980 a donné naissance à une vague de submersion constituée de ce qu’on nomme « terrorisme » et de l’idéologie identitaire qui produit le fascisme actuel, notamment aux USA.

La dialectique n’est pas une vision d’intellectuel, elle est un moteur du vivant sous toutes ses formes, autrement dit le dialogue permanent entre la vie et la mort dont le rapport entre moi et l’autre est une compsante.

Je suis depuis quelques jours chez des amis qui regardent la télévision, en particulier « C dans l’air ».

Hier et aujourd’hui, l’objet de l’émission était la guerre et les participants en parlaient sans le moindre questionnement sur ce qui, il y a peu de temps, était un impensable.

L’absence de discours politique responsable expliquant le désarroi planétaire et sa corrélation avec le développement du fascisme  construit peu à peu la sphère de l’acceptation d’un processus militaire et, via les prétendus bienfaits du service militaire brasseur social, du recours au patriotisme qui valide la perte des enfants.

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