Un musée pour le terrorisme

Le « Musée-mémorial du terrorisme » sera installé dans une aile d’une caserne désaffectée du 13ème arrondissement de Paris.

L’objet, explicité sur le site de ses concepteurs  ; « Le Musée-mémorial du terrorisme est unique au monde car il aborde l’histoire et la mémoire du terrorisme sur plus d’un demi-siècle et non un seul attentat ou un seul type de terrorisme comme les autres musées comparables. Notre ambition est de créer d’un même mouvement, un mémoriel pour les victimes et un musée d’histoire et de société pour comprendre ce phénomène inscrit dans notre quotidien et pourtant mal connu. »

Une précision (Wikipédia) : « Le musée devrait être consacré à l’ensemble des victimes et des actes de terroristes depuis 1974, date de l’attentat du drugstore Publicis. »

Le premier problème immédiatement posé est celui de la définition du mot « terrorisme » qui, si j’ai bien compris, désignera les attentats du genre de ceux qui ont été commis par exemple contre Charlie-Hebdo et au Bataclan.

Le second est celui de « musée », en ce sens qu’il va proposer des documents et des objets, du genre – je l’ai entendu à la radio – la boucle de ceinturon d’une victime tuée au Bataclan.

Le projet précise : « Mais honorer les victimes, c’est aussi comprendre pourquoi elles ont été la cible d’actes terroristes et donner du sens à leur épreuve. »

Donc, la question du sens.

Les personnes qui ont été tuées au Bataclan l’ont été parce qu’elles étaient là, l’équipe de rédaction de Charlie-Hebdo à cause de la ligne éditoriale du magazine qui avait conduit à publier les caricatures de Mahomet.

Si le terrorisme vise à installer la terreur, c’est-à-dire recouvrir la vie quotidienne de la chape de plomb de la peur permanente, on peut dire que l’attentat contre Charlie-Hebdo peut être terroriste en ce sens qu’en visant la liberté de la presse, il vise les rédactions en général qui vont s’autocensurer.

Même remarque pour l’attentat contre l’Hypercacher de la Porte de Vincennes qui pourrait être une menace pour tous les magasins de ce type.

L’attentat contre le Bataclan – comme pour tous ceux qui ont visé une population indifférenciée, et mis à part ce qu’ont vécu les victimes dans le temps de l’agression – produit une sidération considérable – cf. les réactions à la vue des avions percutant les tours de Manhattan – mais pas la terreur : le moment de sidération passée, la vie reprend.

La terreur implique donc la durée, autrement dit une puissance permanente.

Ainsi, on peut dire que l’objectif de la Résistance était d’installer chez l’occupant nazi un climat de terreur qui répondait à celui qu’il installait (via la Gestapo et la milice de la Collaboration) dans la France occupée.

Le massacre commis par le Hamas le 7 octobre a provoqué une sidération – la vie en Israël a continué –, alors que ceux commis par les Israéliens, en rendant la vie quotidienne aléatoire, a installé la terreur chez les habitants de Gaza.

Cette analyse n’est apparemment pas celle des concepteurs du musée-mémorial qui va donc entériner non seulement la confusion admise comme une évidence, mais surtout le déni de ce qui peut produire de tels actes sur lesquels est collée l’étiquette explicative « terrorisme » qui n’explique rien.

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