Les représentants du personnel pénitentiaire ont protesté contre la présence des deux policiers – l’un devant la porte de sa cellule, l’autre dans une cellule voisine – et expliqué que les surveillants étaient tout à fait capables de protéger l’ex-président d’une éventuelle agression.
Ils se trompent complètement.
Ce qui devrait les aider à réaliser leur erreur, c’est d’abord le fait qu’il est seul dans sa cellule – ce qui, entre parenthèses, est une mesure cruelle d’isolement quand on pense à la convivialité des cellules ordinaires où les détenus n’hésitent pas à installer des matelas par terre et à se serrer pour accueillir les nouveaux arrivants – et qu’il va seul dans la petite cour de récréation et dans la salle de gymnastique.
Ensuite, et surtout, les deux livres qu’il a emportés et que j’ai mentionnés dans l’article précédent : Le conte de Monte-Cristo et une biographie de Jésus. Entre nous, j’imagine la gêne du gardien chargé de vérifier qu’aucun des deux ne contenait une lime pour scier les barreaux.
Je le rappelais dans le même article : avant de développer le discours de la vengeance, le roman d’Alexandre Dumas est d’abord le récit d’une évasion. On sait qu’Edmond Dantès rencontre l’abbé Faria enfermé dans une geôle voisine de la sienne en creusant un passage dans le mur, et qu’il s’échappe en se substituant à son cadavre.
Moi, je serais le personnel pénitentiaire, je me demanderais si le policier qui est devant la porte n’est pas là pour faire le guet – creuser, ça fait du bruit –, je demanderais ensuite au médecin de la prison de faire le bilan de santé (!) de l’autre policier de la cellule voisine, et je me demanderais enfin si Jésus n’a pas été amené là pour la caution mystique qui était celle de l’abbé. Avec N. Sarkozy « tout est possible ». C’est ce qu’il assurait lors de sa campagne électorale. Tout, je ne sais pas, mais, et là je me demande si je ne participe pas quand même un peu au complot de haine, certaines choses, à en croire la justice haineusement politique.
Je suis d’accord avec vous. Il y a des problèmes bien plus importants que celui-là. Oui. Mais, moi aussi, j’ai le droit d’aller dans ma cour de récréation.