À ceux qui, hélas ! ne s’intéressent pas à la philosophie et se complaisent dans les futilités d’une pauvre existence ordinaire, je signale cette information essentielle à la Une de tous les médias : le dimanche 10 octobre, quatre hommes se sont introduits, en plein jour par une fenêtre dans le musée du Louvre, et ont volé, je cite mon journal : « Le collier de la parure de saphirs de la reine Marie-Amélie et de la reine Hortense, composé de huit saphirs et 631 diamants, et le diadème de l’impératrice Eugénie, qui compte près de 2 000 diamants. »
Avant toute chose, je dirai qu’il faut remercier ces quatre homme d’avoir remis sur le devant de la scène trois femmes de grand mérite, puisqu’il s’agit de deux reines et d’une impératrice, trois femmes, hélas ! bien oubliées…
Ensuite, je voudrais apporter une précision tout aussi essentielle : quand le ministère de la culture dit qu’il s’agit de « huit objets d’une valeur patrimoniale inestimable », il veut dire que valeur inestimable est à prendre dans son sens patriotique, puisqu’on sait que la ministre – c’est forcément elle qui a dicté le communiqué – ne connaît rien aux questions financières qui ne l’intéressent pas. Sans doute imagine-t-elle, dans sa grande naïveté culturelle, les quatre voleurs entrant chez un revendeur de bijoux d’occasion et lui demandant « Combien ? »
Un expert agréé en joaillerie a répondu que c’était évidemment estimable. 500€ le carat. Il n’a pas précisé le nombre de carats dans un diamant. On aurait pu multiplier par 2000 et par 500. Juste pour voir.
Sans parler de l’or de la couronne impériale.
Je suis allé voir sur Internet à quoi elle ressemble. Comment dire… Non, je préfère ne pas. Non, non, n’insistez pas, il serait très mal venu, ici, de tenter un rapprochement avec un tableau de Delacroix ou de Chardin. Ça brille, il y a du jaune, du vert, du rouge, de mignons petits aigles et une croix en diamants plantée au-dessus. Et puis, c’est utile, ça se pose sur la tête, et une tête impériale ! alors qu’un tableau, hein !
Non, mais oui, c’est vrai, on peut être fier, en tant que Français d’avoir ça, chez nous, là sous cloche, dans un musée. Enfin, de l’avoir eu.
Non, mais oui, j’ai mauvais esprit. Je suis allé plusieurs fois au Louvre et jamais je ne suis allé voir ça. Il me manque un truc, quelque chose. Et puis, voyez, je ne peux pas m’empêcher de penser aux sommes que ça a coûté.
Non, mais oui, je sais que c’est mesquin.
Je n’aurais pas dû lire Zola.