Écoutez au moins les cinq premières minutes de l’émission Sans préjuger (France culture – samedi 27/09/2025 – 12 h 45) animée par Nathan Denvers que son parcours a conduit chez CNews, la chaine de V. Bolloré qui diffuse l’idéologie d’extrême-droite.
Le thème du jour a des allures de philosophie : « Israël-Gaza : peut-on rester artiste en temps de guerre ? ». Une question (elle n’est pas la pernicieuse annoncée) dont on a la réponse depuis longtemps – cf. entre autres, les fascicules « Poésie », publiées clandestinement pendant l’Occupation, et aussi les tentatives de théâtre dans les baraquements des camps de la mort nazis.
Voici l’introduction, nettement lue, une succession de clichés : « Comment raconter ce qui ne se raconte pas ? Comment donner à vois une souffrance qu’aucune image aussi insoutenable soit-elle ne saurait contenir ? Comment rendre compte d’une mécanique dont aucune explication ne pourra justifier le scandale, ce non-sens tragique que constitue la guerre ?(…)
Pour en arriver, sans transition, à ceci : « Depuis le 7 octobre et le début de la riposte israélienne à Gaza… »
Toujours sans transition, il développe ensuite des lieux communs sur l’art, l’artiste, le rapport de l’un et l’autre avec la guerre, présente enfin ses deux invités [ Amos Guitaï, cinéaste franco-israélien et Jadd Hilal, écrivain franco-palestino-libanais] puis, après avoir ajouté une touche émotionnelle, pose la question que je qualifie de pernicieuse : « J’aimerais partir d’une question très très simple, très concrète, très incarnée : souvent on dit, même vingt-cinq ans après, que faisiez-vous le 11 septembre [2001 – les quatre attentats islamistes contre les USA], comment vous avez appris ce qui se passait, comment avez-vous découvert les images des tours jumelles qui s’effondraient, qu’est-ce que vous avez ressenti, qu’est-ce que vous avez éprouvé, comment avez-vous continué votre journée ? (Et, une nouvelle fois sans transition] Amos Guitaï, le 7 octobre, est-ce que vous pouvez nous raconter à quoi a ressemblé votre journée, ce jour-là ? »
Voilà comment le refus de la problématique [Nathan Denvers est agrégé de philosophie] conduit à la perversion de la pensée : vous avez remarqué le détour par l’intitulé faussement profond, [une question, elle, vraie : en quoi l’art permet-il de résister ?], par le déroulé des lieux communs [j’ai abrégé], pour en arriver à ce « Depuis le 7 octobre… » qu’il tente de faire accepter via le 11 septembre comme un « début » pour installer le débat dans ce « début » par le « ressenti émotionnel » censé le faire accepter..
Il se fait alors « ramasser », très gentiment, et par Amos Gitaï et Jadd Hilal qui refusent de tomber dans le piège et qui expliquent, l’un et l’autre, en quoi le 7 octobre n’est pas un début.
Vous, qui lisez le blog, n’aurez pas de mal à imaginer le plaisir que procure l’harmonie.