Charlie Kirk et Tyler Robinson

Tyler Robinson, est l’assassin de Charlie Kirk, la « voix » de la « jeunesse trumpienne ».

Apparemment, il ne coche pas les cases attendues : il n’est pas encarté « woke »  ou « antifa », il n’est ni noir, ni latino, ni jaune, ni indien, ni arabe, ni pas comme il faut ne pas être, il est donc blanc, de surcroît brillant élève, élevé dans la foi mormone au sein d’une famille qui vote républicain.

Toujours apparemment, c’est à n’y rien comprendre.

Apparemment, sous le rapport d’une rationalité censée expliquer un tel acte.

Pourquoi tirer sur un porte-parole de Trump ?

La réponse qui vient spontanément, est celle d’une opposition politique, idéologique – d’où mon  « c’est à n’y rien comprendre » –   mais une opposition stupide, puisque le tué devient martyr et que l’acte donne encore plus de force au camp visé.

On comprend un peu si on regarde sous l’angle du décalage. Entre quoi et quoi ? Entre le discours d’une foi – celle de T. Robinson dont la référence essentielle (la Bible) est aussi celle de D. Trump et de Ch. Kirk – et le discours socio-politique qui prétend l’incarner.

Il est un seuil au-delà duquel la référence commune détruit le sens de la référence particulière.

En l’occurrence : il semble que T. Robinson avait une relation amoureuse avec un colocataire transgenre. Donc, d’un côté, l’amour – en adéquation avec le message évangélique –, de l’autre, celui de la haine contre ce et ceux qui ne sont pas « conformes » (cf. les diatribes de D. Trump).

Le discours de Trump est fasciste, en ce sens qu’il proclame « un peuple, un Etat, un chef » et que tout ce qui n’entre pas dans le cadre est l’ennemi. Ce qu’il se passe actuellement aux USA est une chasse aux sorcières analogue à celle que mena McCarthy dans les années 50,  peut-être pire en ce sens que les exclusions (des personnes et des subventions) ne sont pas précédées d’un interrogatoire par une commission, mais le « fait du prince ». Pour le moment, la justice tient encore, relativement.

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Dans la première partie de son émission « question du soir » (15/09/2025) intitulée « Que dit la mort de Charlie Kirk de l’état du débat américain ? »   Quentin Lafay avait invité Elisa Chelle, professeur en sciences politiques, et Laure Mandeville, journaliste au Figaro. C’est elle qui m’intéresse. Q. Lafay lui demande si elle est d’accord avec l’écrivaine Emma Becker* : « J’aimais beaucoup Charlie Kirk. (…) Les conservateurs ont perdu une voix, ils en sont conscients. Mais ceux qui détestaient Charlie Kirk et les valeurs qu’il portait ont perdu plus précieux encore : un contradicteur contre lequel aiguiser leurs arguments et leur esprit critique. S’ils s’en réjouissent, c’est parce qu’ils n’ont rien compris, et la chute nous fera tout drôle à tous. »

La journaliste du Figaro répond qu’elle est d’accord au motif qu’il venait apporter la contradiction à un discours longtemps dominant (marxiste, woke) notamment dans les universités.

C’est là que gît le problème.

Ce qu’elle dit, c’est ceci : tout allait bien, et puis il y a eu le discours dominant, autoritaire et intolérant, donc il est salutaire, pour le dialogue démocratique, qu’il y ait une contradiction.

C’est, rapporté à Gaza, l’équivalent de « avant le 7 octobre, tout allait bien ».

Le discours premier, fondateur de l’histoire des USA, est celui de la conquête, de la violence, de la discrimination – Ch. Kirk était, entre autres, hostile aux droits civiques conquis dans les années 60.

On sait que la démesure produit la démesure.

Ce que certains appellent le « wokisme » a été une réponse dont les démesures répondaient à la démesure des modes d’expression contemporaine du discours premier, dont l’assassinat de George Floyd est un exemple.

Alors, présenter le discours de Ch. Kirk comme salutaire en tant que contributeur au dialogue démocratique ne relève pas de l’ignorance, certainement pas de la bêtise, mais il est une justification hypocrite de ce qui en est le contraire, puisque l’entreprise trumpienne est une tentative de régression vers le discours premier originel.

*Une autre écrivaine, Manon Garcia (qui n’approuve pas l’assassinat) a publié cette réponse : « Petit rappel à Emma Becker : Kirk aurait voulu qu’une femme comme elle aille en enfer et qu’on lui retire ses enfants, hein.”

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