Le sujet devient, ou plutôt redevient central, à la mesure de ce que représente « milliard » dans l’imaginaire. Ce n’est la faute ni à Voltaire ni à Rousseau mais à Bayrou (ce qu’il représente) obsédé par la dette et qui n’a cessé de répéter « 45 milliards ». C’est la somme qu’il voulait économiser. Une vraie scie. En soi, le nombre ne signifie rien en ce sens qu’il est comme un absolu. On ne sait pas ce que ça représente. En revanche, rapporté aux 270 milliards que l’Etat donne aux plus riches et aux entreprises, ils deviennent relatifs et suggèrent une réponse arithmétique la fois simple et simpliste. Ces 270 milliards sont ceux que dénombre l’essai de deux journalistes du Nouvel Obs, intitulé « Le grand détournement » et qui fait la Une des médias – pour ou contre.
Prendre le problème de la justice fiscale par « les riches » (ce n’est pas nouveau : cf. les 100 familles) – dont le rapport avec l’Etat n’est qu’une des composantes – est inadéquat et ne débouchera sur rien d’important. « Le riche » n’est pas une cause mais une conséquence, c’est ce qu’indiquent la permanence du rapport de l’Etat avec lui (gauche ou droite au pouvoir) et l’ambivalence qu’il suscite dans l’opinion (envie, jalousie, indignation, admiration) qui se manifeste notamment par le succès des jeux dits de hasard, comme le loto (25 millions de joueurs par an).
On ne peut s’en sortir qu’en construisant la problématique du commun dont la fiscalité n’est qu’une des composantes. L’indicateur de l’adéquation sera la proposition d’un impôt payé par tous, sans exception, ne serait-ce qu’1 euro, parce qu’elle signifiera qu’auront été définis d’autres critères de la vie et de la vie commune.