Journal – 49 – L’axiome du mollet – ( 21/05/2025)

Tout le monde sait que la pire des situations pour ceux qui écrivent ou qui parlent ou les deux,  est celle où « tout va bien » puisqu’il faut qu’au moins une chose aille mal pour prendre la plume ou ouvrir la bouche ou les deux, encore que la plume ne se prenne plus aujourd’hui que pour la préparation d’une volaille fermière, mais je m’égare.

Or, nous sommes dans ce cas de figure : à part quelques bricoles ici ou là, « tout va bien ! ». J’ai mis un point d’exclamation pour bien montrer que c’est vrai.

Enfin presque.

Ce matin, en grimpant à bicyclette une côte cévenole, je réfléchissais à cette pensée de Pierre Dac : « Si haut qu’il peut grimper, un chemin qui monte n’est rien qu’un chemin qui descend en sens inverse, et réciproquement. » Et je me disais que, pour rendre cette activité moins ahanante et soufflante, il suffirait de tourner le vélo dans l’autre sens chaque fois que la route monte.

Ce n’est qu’une vague introduction approximative à la problématique de « l’axiome du mollet ».

Tous les cyclistes savent en effet que « le vélo fait le mollet beau » qu’on peut également écrire en langage faux n’est tic (ou presque)  :« l’vélofèl’molèbo ».

Bien. La question angoissante est de savoir qui est à l’origine de cet axiome vélocyclopédique dont l’honnêteté intellectuelle m’oblige à préciser que certains se demandent s’il ne serait pas plutôt un théorème.  Moi, je soutiens mordicus qu’il s’agit d’un axiome, et puis c’est tout.

Quant à son origine, donc, les avis divergent. S’il est sûr que ce n’est pas Platon (Socrate ne pratiquait pas la bicyclette), la communauté scientifique se divise entre Pythagore et Thalès dont on sait qu’ils passaient leurs vacances dans les îles de la mer Egée appelées Cyclades,  d’où viennent cycle et cycliste (mais pas Tour de France parce qu’à l’époque, c’était la Gaule) inutile de le préciser.

Pour ceux qui n’ont pas bien écouté en classe  :

– le théorème de Pythagore : « Dans un triangle rectangle, le carré de la longueur de l’hypoténuse est égal à la somme des carrés des longueurs des deux autres côtés.»

– le théorème de Thalès : « Si deux droites parallèles coupent deux droites sécantes, alors elles déterminent deux triangles dont les côtés correspondants ont des longueurs proportionnelles. »

Quel rapport avec les deux roues du vélo qui ne sont pas triangulaires ? demandez-vous avec une perplexité visible aux plis de votre front.

Eh bien, il n’y a absolument aucun rapport !

Ben alors ? redemandez-vous tout aussitôt.

Je vous réponds tout aussi aussitôt  : dans un monde où tout va bien, où les discours et les actes sont absolument raisonnables, est-ce que l’absurde ne permet pas une bonne récréation ?

Comme vous avez été patients, attentifs et indulgents, je vous offre cette autre pensée dacienne : « La mort n’est en définitive que le résultat d’un défaut d’éducation puisqu’elle est la conséquence d’un manque de savoir vivre. »

Laisser un commentaire