Journal – 40 – Touvier et la milice – (29/04/2025)

Après celui de Klaus Barbie (cf. Journal 35) la chaine 5 diffusait dimanche soir (27/04/2025) l’enregistrement du procès Touvier (mars 1994).
Une nouvelle confrontation avec le regard. Le regard de celui qui fut le chef du service du service de renseignement de la milice de Lyon pendant la guerre.
Milice. Une organisation créée en 1943 par Pierre Laval sur ordre d’Hitler pour servir de force supplétive à la Gestapo dans la chasse aux Résistants, aux juifs. Les miliciens. Il faut les voir prêter serment, défiler en faisant le salut nazi pour défendre la patrie, la France.
Militaire, militant, les deux mots tiennent debout par la dentale -t.
Milice, lui, glisse. Il indique l’ en-dessous, il est l’en-dessous.
Le regard de Touvier est une dérobade permanente. Comme sa parole. Comme sa vie.
Le « renseignement » dans la milice, deux condamnations à mort après la Libération, quarante ans de fuite avec des aides ecclésiastiques, politiques jusqu’à une amnistie, et, là, au tribunal, le déni de son antisémitisme écrit de sa propre main, de ses actes, dont l’assassinat de 7 juifs qu’il fait arrêter chez eux et envoie fusiller contre un mur du cimetière de Rilleux, dans la banlieue de Lyon, parce qu’ils sont juifs et qu’il faut venger la mort de Philippe Henriot, propagandiste en chef de la Collaboration sur les antennes de Radio-Paris, abattu par la Résistance.
Ces sept crimes lui vaudront la seule condamnation d’un Français pour « crime contre l’humanité ». J’ai déjà expliqué pourquoi je n’étais pas d’accord avec cette expression qui laisse entendre que des hommes et des actes pourraient ne pas être « de l’humanité ». Et il y aurait à dire sur cette exception.
Assis sur sa chaise derrière la vitre de protection pendant le procès. Rien. Pas un mot de conviction militante. Rien. Le degré zéro, mais le degré zéro de quoi ? C’est là, en face de ce que peut être l’humanité, de ce qu’elle peut être et faire dans la glissade du regard qui se dérobe, après les tortures et les assassinats froids, que je comprends, même si elle n’est qu’illusoire et vaine, l’envie forte de secouer pour faire sortir et voir en face la « bête immonde du ventre toujours fécond », le « ça qui a rampé ».

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