Journal – 36 – L’esprit et le corps de l’écrivain américain – (10/04/2025)

A la page 1 du Monde des livres – supplément du journal du vendredi – daté du 11 avril 2025, une déclaration de Colum McCann (né en 1965 à Dublin, il émigre à 21 ans aux USA qu’il parcourt avant de s’installer à New-York) introduisant une série d’articles intitulée « Les écrivains face à Trump ».
Le journal publie aussi un texte de Siri Hustvedt fondatrice en 2020, avec son mari Paul Auster, de l’association Writers againt Trum (Ecrivains contre Trump) renommée depuis Writers for Democratic Action (Ecrivains pour l’action démocratique).
Le responsable du Monde des Livres précise qu’un certain nombre d’auteurs sollicités n’ont pas voulu répondre à l’invitation du journal. La peur de représailles… aux USA!
Voici un extrait du texte de McCann :
« Je n’aurais jamais pensé dire ça un jour, mais nous sommes peut-être à l’orée d’un monde qui ne peut plus guérir. Mon propre corps a beau se révolter contre cette idée [il souffre de maux de tête dont il se demande si ce n’est pas une réaction à « l’attaque féroce qui frappe tous nos sens depuis deux mois »] le simple fait d’écrire ces mots m’envoie des décharges de douleur dans le crâne. »
D’abord, cette réponse Spinoza : « Personne n’a jusqu’à présent déterminé quel est le pouvoir du Corps, c’est-à-dire que, jusqu’à présent, l’expérience n’a enseigné à personne ce que le Corps est en mesure d’accomplir par les seules lois de la Nature, considérée seulement en tant que corporelle, et ce qu’il ne peut accomplir sans être déterminé par l’Esprit (…) Personne, jusqu’ici, n’a acquis une connaissance assez précise de la structure du Corps pour en expliquer toutes les fonctions (…) » [Ethique – essai rédigé vers 1670 et publié après la mort de son auteur en 1677 – III, Proposition 2, scolie – Edition de l’éclat p.259 ].
Trois cent cinquante ans plus tard, la remarque est toujours pertinente. Et elle le sera jusqu’au jour où nous disposerons d’appareils susceptibles de connaître l’effet des flux électriques et chimiques dans l’instant même où ils sont émis par une affection, positive ou négative, ainsi que leurs conséquences à court, moyen ou long terme.
Par exemple, savoir que l’exposition prolongée au soleil tel jour à telle heure va produire une modification chimique dont sont immédiatement perceptibles et effectifs les effets relativement mineurs (coup de soleil) mais dont les effets majeurs (carcinome ou mélanome) le seront dans trente ou quarante ans.
En l’occurrence, il s’agit de l’exposition à Trump qui n’a rien du soleil, sauf peut-être du « soleil noir » symbolique, qui n’est pas une cause, mais un effet. Parce que, dans l’exposition au soleil, tout se joue dans le « prolongée » qui implique une responsabilité.
Appliquées au monde humain organisé en sociétés, les possibilités du Corps (la majuscule de Spinoza, comme celle d’Esprit souligne les deux modes par lesquels nous existons, l’étendue et la pensée, celle de Nature pour signifier qu’elle remplace Dieu) nous sont un peu moins inconnues, surtout quand il s’agit d’un mélanome.

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