Voici la contribution que j’ai envoyée (14/03/2025) au Monde à propos d’un article concernant la course à l’armement.
« Et pour vous, parler d’armement, de guerre, comme on parle de fabrication d’objets banals, ça va de soi ? Est-ce que la banalisation de ce discours n’a aucune importance dans l’aggravation d’un processus qui n’est accompagné d’aucune problématique ? Est-ce que les forces occidentales de l’OTAN n’ont pas de responsabilités dans la mise en route, à la fin des années 1980, de ce processus qui a abouti à l’arrivée au pouvoir de V. Poutine ? »
1er commentaire :
« RN et LFI partagent le bon vieux mythe de l’agression de la gentille Russie par la méchante OTAN. C’est du même acabit qu’accuser une fille violée d’avoir provoqué son agresseur. Témoignage d’une mentalité déplorable. »
Ma réponse :
« Au début des années 90, le Pacte de Varsovie qui avait été conclu en réponse à l’OTAN, a disparu avec l’implosion soviétique. Si les membres de l’OTAN –conçu dans le cadre de l’affrontement avec le monde communiste, donc désormais sans objet – avait alors décidé de proposer une négociation avec la Russie pour redéfinir les relations est-ouest dans un cadre économique et militaire diffèrent, peut-être que se serait mis en route un autre processus qui aurait évité l’émergence de V. Poutine dont la politique est en partie dictée par ce qui a pu être ressenti alors comme un mépris de la Russie, et qui s’est traduit par l’invasion de l’Ukraine. Votre réponse par des étiquettes et une comparaison inappropriée revient à faire de cette agression une cause en soi. »
2ème commentaire :
« Effectivement dans une relation quand ça ne va pas ou plus bien on est en droit de se poser la question des responsabilités de chaque partie. Je me suis donc posé la même question concernant une éventuelle responsabilité de l’Occident dans le fait qu’on aboutisse à une relation de conflit avec la Russie. Personnellement je n’ai jamais été amené à lire ou entendre une analyse sur ce sujet. Par contre je constate que des entreprises européennes sont allées s’installer en Russie, que l’Europe a acheté du gaz à la Russie, donc la Russie n a pas été ostracisée par l’occident. Par contre pour ce que j’en ai compris la Russie n’est pas une vraie démocratie, et sous la coupe de mafieux. Ce type de régime décourage les bonnes volontés pour investir, et effectivement il engendre des problèmes économiques que ses dirigeants tentent d’expliquer par la faute à l’étranger, et résoudre en allant voler ailleurs. À quel moment aurait-on pu tenter quoi, je ne sais dire. »
Ma réponse :
« Le problème que vous mettez en évidence s’explique à mon sens par les contradictions entre le discours historique, fondateur, de l’URSS, le capitalisme débridé du moment (après l’implosion) où des oligarques ont cru qu’ils allaient dicter la politique et la reprise en mains par V. Poutine qui a gardé du discours fondateur la dimension « empire » dans le cadre d’une économie qui balance entre le capitalisme et le monopole d’état. Outre celle de l’OTAN, la responsabilité des puissances occidentales est à chercher dans le soutien aux oligarques. La dictature n’arrive jamais par hasard ou par la décision d’un homme. Les Russes ont applaudi Poutine parce qu’il leur a proposé un discours qui les réinstallait dans leur histoire. »
3ème commentaire :
« L’OTAN et l’URSS puis la Russie n’ont cessé de discuter de la sécurité en Europe, dès 1989. Je cite Wikipédia : Les contacts et la coopération officiels entre la Russie et l’OTAN ont débuté en 1991 dans le cadre du Conseil de coopération nord-atlantique (renommé plus tard Conseil de partenariat euro-atlantique). Ils ont été approfondis par l’adhésion de la Russie au programme du Partenariat pour la paix le 22 juin 1994. »
Ma réponse :
« Oui, c’est juste, mais l’OTAN fut le maître du jeu et à aucun moment n’a été envisagée dans les discussions une dissolution de l’organisation en vue d’une autre structure incluant la Russie et les autres signataires. »