Le Hamas a restitué quatre corps d’otages, dont l’un n’est pas celui de Shiri Bibas, la maman d’Ariel et Kfir, ses deux enfants morts pendant leur détention.
Au-delà de la souffrance vécue par les otages et leurs familles, on entre dans l’univers kafkaïen. Rien n’a de sens, ou, plutôt, les critères, les références qui permettent de tenir debout ont disparu, tout flotte comme dans un monde d’apesanteur.
B. Netanyahou dénonce les « sauvages » et le Hamas explique les morts et la confusion des corps par la violence d’un bombardement israélien.
Dans le même temps, des bombes artisanales placées dans des bus (vides) ont explosé à Bat-Yam, dans le sud de Tel-Aviv. Sur l’une était inscrit « Vengeance pour le camp de Tulkarem », un camp de réfugiés de Cisjordanie occupée par Israël . Les services secrets israéliens ont révélé qu’un de ceux qui ont servi au transport des explosifs est un juif israélien.
Tout et son contraire sont possibles. Le Hamas a pu tuer les otages, ils ont pu l’être par un bombardement israélien, les bombes, qui n’ont blessé personne, ont pu être posées par des Palestiniens aidés par un Israélien qui soutient leur cause, ou par des Israéliens extrémistes afin de durcir l’action militaire contre le camp : l’armée y a déjà détruit 50 maison, 280 magasins et, en Cisjordanie, 55 Palestiniens ont été tués depuis le début janvier, plus de 900 depuis octobre 2023.
Qu’est-ce qu’on fait de tout ça ? On : nous, les individus.
L’Union européenne continue à nourrir l’engrenage par des annonces d’armement mais sans le moindre discours qui aide à comprendre le processus mis en route il y a une trentaine d’années. E. Macron n’est pas en reste qui annonce des efforts de guerre et réunit les responsables politiques pour créer ce qu’on connaît bien, l’union que l’on baptisera « sacrée » pour, comme on l’entend ici et là, « préparer l’opinion publique ».
Personne ne sait où est le seuil de l’irréversible dans l’engrenage avant le maelström.
Ce que nous pouvons faire, c’est, au minimum, refuser d’émettre par nos paroles, notre comportement, nos gestes, notre manière d’être, les signes du désarroi existentiel qui incite à la fuite en avant. Nous sommes l’opinion publique et nous pouvons manifester par tous les signes possibles, que nous n’acceptons pas d’être « préparés ».
En complément, ma contribution, en réponse à un lecteur du Monde qui présente les tentatives de déstabilisation en Ukraine par les USA comme la cause de l’invasion. Il termine ainsi : « La Russie n’a donc fait que riposter (légitime défense) à une agression rampante (dont négation de l’identité russe dans les territoires que Staline avait inclus dans les frontières de l’Ukraine). Cette guerre était bien une guerre américaine et l’Ukraine l’idiote utile. »
« Une chose est la responsabilité occidentale dans le maintien de l’OTAN après la disparition du Pacte de Varsovie et le refus d’engager un dialogue avec la Russie pour établir un nouveau rapport de coexistence – c’est un des déclencheurs du processus qui aboutit à Poutine. Une autre est l’acte d’invasion militaire de l’Ukraine, autrement dit la guerre physique, en ce sens qu’il s’agit d’une violation de limites. Rien à voir avec les tentatives d’influence sur les populations – dont celles des USA en Ukraine – qui sont monnaie courante (la Russie n’est pas en reste) et qui n’ont pas de visées territoriales. Autrement dit, la Russie n’a pas été l’objet de plans d’invasion, ni par l’OTAN ni par l’Ukraine. Le seul risque, pour Poutine, est la mise en cause, par l’élection interne, politique, du mode de capitalisme qu’il a mis en place avec la forme de pouvoir chargé de le développer. La guerre physique qu’il a déclenchée est le corollaire de sa dictature, le signe de sa faiblesse politique . »