Journal -17 – la vraie révolution de l’IA – (08/02/2025)

L’IA (Intelligence Artificielle) a souvent le visage de la science-fiction, parfois celui de la « créature » de Frankenstein.
La révolution qu’on lui prête est celle des prouesses dont tous les spécialistes disent qu’elles ne sont que les prémices d’un bouleversement aux effets considérables.
J’ouvre une parenthèse qui a quand même son importance : j’espère vivre jusqu’au moment où l’on pourra disposer d’un robot équipé d’une IA qui lui permette de débarrasser la table. La dresser, j’aime bien, j’aime bien aussi ce qu’on y sert, mais la débarrasser, pas trop. Je referme la parenthèse.
La vraie révolution apportée par l’IA n’est pas d’ordre technique, mais philosophique.
Qu’est-ce qui suscite encore des réserves dans l’imaginaire des capacités de l’IA ? L’idée, ou la croyance – plus la croyance que la pensée – que l’intelligence humaine contient un inatteignable par la technologie même la plus pointue. Cet inatteignable, difficile à définir de manière précise, serait un composé de sentiments, d’intuition, bref d’un fonds exclusivement propre à l’espèce, d’autant plus précieux qu’il n’est pas sécable, dissociable. Un peu comme « caractère » peut servir à justifier les différences de comportement.
Qu’est-ce qui permet le fonctionnement de notre cerveau dont l’arrêt sert de définition à la mort ?
L’électricité. Coupez-la, il meurt, et vous en même temps. Vous en tant que sujet.
Branchez-la et vous mettez en action un réseau de milliards de connexions entre les neurones, des actions chimiques appelées synapses. C’est ça, votre existence de sujet.
Or, l’IA n’existe pas. Elle est une création des hommes. En quoi est-ce étonnant que les hommes créent des machines qui fonctionnent comme eux ? J’entendais hier – vendredi – un mathématicien renommé très investi dans l’IA et qui parlait des blocs de neurones comme l’aurait fait spécialiste du cerveau.
Oui, d’accord, mais nous ne sommes pas qu’un cerveau électro-chimique !
La peau par exemple, qui permet des sensations ?
Coupez l’électricité, elle ne transmet plus rien.
Non, la différence essentielle, est que nous, individus, avons une histoire nécessairement originale, enregistrée dans le conscient et l’inconscient, quelque part, là-haut, dans le cerveau. Cette histoire détermine notre peau, notre sensibilité et tout le reste.
Elle disparaît aussi si vous coupez le courant.
La révolution, pas pour demain, à venir, et très progressivement, c’est la reconnaissance que nous sommes une machine : pas la machine caricaturale dénoncée par ceux qui ne nous conçoivent pas sans une âme, mais la machine du matérialisme dépouillé des oripeaux que lui a collés l’idéologie.
L’IA nous conduira à mieux connaître ce qu’elle est quand elle est nettoyée de cette âme qui a contribué à en faire un objet de mépris.
Comme la plupart des créations humaines, l’IA précède la pensée censée en définir les contours et la finalité.
De ce point de vue elle nous ressemble. Notre fabrication n’a pas toujours été celle d’un choix et nous avons été propulsés dans la vie sans que personne ne nous aide à gérer le message que nous recevons vers 3 ou 4 ans « Un jour tu mourras ».
La conscience de notre grande ressemblance avec l’objet que nous sommes en train de créer nous aidera peut-être à nous le faire lire.

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