Journal -14 – La « découverte » du capitalisme – (30/01/2025)

Extrait de la page d’accueil des Matins de France Culture (30/01/2025) :
« Le professeur d’histoire globale à l’université de Boston, Quinn Slobodian est notre invité. Il évoque avec nous ce matin la réalité des politiques d’inspiration libertarienne. De la réélection de Donald Trump aux récentes déclarations de Bernard Arnault, il semble y avoir une immense pression capitaliste sur nos démocraties, en particulier sur la question de la justice fiscale. »
Un peu plus loin : « En voulant subdiviser le monde, les libertariens comme Peter Thiel [créateur de PlayPal] cherchent à amoindrir la force de frappe fiscale des États et à créer des espaces d’interstices favorables aux entreprises, qui n’ont pas pour première prérogative la démocratie. »
J’ai écouté l’analyse que propose ce spécialiste américain du capitalisme qui n’a pas une seule fois prononcé le nom de Marx.
Le journaliste qui l’interrogeait accentua mon impression d’entendre un découvreur d’une réalité nouvelle et un questionneur soit ignorant soit oublieux de ce dont il devait quand même avoir entendu parler dans ses études.
Ce qui se passe actuellement dans le monde n’a pourtant rien d’une nouveauté. Le capitalisme dont la raison d’être est la production de capitaux pour la production de capitaux pour la production de capitaux pour etc., se heurte régulièrement aux limites de ses moyens d’exploitation et d’expansion – ce qu’on appelle « crises » – et il cherche donc à renouveler sa stratégie dans ce qui est une fuite en avant, jusqu’à la phase ultime qui s’appelle la guerre.
Il promeut donc la « démocratie » autant qu’elle lui permet de se développer. La manière dont elle est conçue et pratiquée dans les pays occidentaux (cf. les campagnes électorales, l’absence d’éducation politique, de l’enseignement de la philosophie, des arts, entre autres moyens d’accès à la pensée critique) est une bonne illustration du mépris des « valeurs » de liberté individuelle qu’il prétend défendre.
La faille de l’analyse marxiste dans la définition du commun humain et les expérimentations désastreuses qui ont suivi continuent de proscrire le mot « commun » qui renvoie désormais à ce qui constitue la spécificité humaine dont aucune instance politique ne parle, bien qu’elle concerne au premier chef le rapport production/consommation.
D’où le développement du libertarisme, une ruse du capitalisme et un leurre idéologique qui fait se rencontrer l’extrême-droite et l’extrême-gauche dans des discours théoriques, l’extrême-droite et la droite dans la gestion politique, comme on le vient de le voir en Allemagne et en France.
Voir celui qui sera sans doute le futur chancelier allemand se faire applaudir par le parti néofasciste dont il accepte les voix, comme chez nous, le premier ministre par le RN, – l’un et l’autre applaudis par le grand patronat – a quelque chose d’à la fois irréel et pathétique.
Les Européens, particulièrement les Français héritiers des Lumières, ont une grande part de responsabilité dans l’emballement de la situation politique délétère validée par un électorat de plus en plus nombreux auquel n’est jamais soumis la problématique de la coresponsabilité dans le fait migratoire qui alimente les passions dont a besoin le capitalisme.

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