Journal – 11 – Contrastes – (23/01/2025)

Dans Le Monde d’aujourd’hui, entre autres : D. Trump gracie ceux qu’il avait incités à envahir le Capitole, il y a quatre ans. G. Meloni (Italie) – elle et J. Milei (Argentine) sont les seuls chefs d’Etat ou de gouvernement invités à son investiture – libère un officiel libyen recherché par la Cour Pénale Internationale pour des actes de torture sur des immigrés. Les Israéliens bombardent un camp de réfugiés palestiniens en Cisjordanie, un village palestinien du nord de la Cisjordanie est attaqué par des extrémistes juifs, une partie de la droite allemande réclame « plus de Musk et de Milei »…

Extrait de Un hiver en Bretagne dont la rédaction arrive bientôt à son terme. Le narrateur dialogue avec un ancien camarade de lycée qui parle le premier.

« – (…) En Allemagne, l’Afd, le parti d’extrême-droite, ne se cache plus pour parler de remigration, un mot qu’ils n’osaient pas prononcer en public il y a seulement quelques mois. Ça va très vite.

-Il y a un autre signe qui m’inquiète. Le recours à Bertolt Brecht. Grandeur et Misère du IIIème Reich, est joué à Paris. Plus exactement, certains tableaux de la pièce.

– Ça t’inquiète, parce que ça veut dire que c’est trop tard ?

-Peut-être, oui. Aujourd’hui, quand on cite sa formule « le ventre est encore fécond d’où est sorti la bête immonde », c’est pour s’étonner d’un incroyable. On la croyait morte après l’horreur du nazisme et elle est toujours là ! C’est cette illusion qui m’inquiète.

-Je ne te suis pas très bien.

-La traduction n’est pas exacte. La formule se trouve dans La résistible ascension d’Arturo Ui et sa traduction littérale est « le ventre est encore fécond d’où ça a rampé ». Le ça de l’article neutre allemand, qu’est-ce qu’il désigne ? Il ne s’agit pas d’un quelque chose qui serait chez certains et pas chez d’autres, en particulier chez soi, comme on a tendance à le penser, mais d’un quelque chose qui est en nous et en nous tous. Ce qui m’inquiète, c’est le déni qui veut persuader que le ventre et la bête sont des métaphores. C’est vraiment notre ventre et la bête est en nous.

-Ce n’est pas l’opinion générale.

-Oui, je sais qu’il est plus commode de dire qu’Hitler était fou, que ceux qui le soutenaient étaient des imbéciles et de ne pas chercher à comprendre ce que signifie le fait qu’il est parvenu au pouvoir par l’élection.

-Et aussi par l’aveuglement des politiciens qui se sont complètement trompés sur le personnage.

-Oui, mais c’est l’épiphénomène. Ce qui importe, c’est de comprendre qu’il n’est pas la cause. L’hitlérisme, en tant qu’explication, ça n’a pas de sens. Pas plus que le trumpisme. Un politicien n’est jamais la cause. Pas plus qu’un moment de crise.

-Hitler a quand même joué un rôle déterminant, non ?

-Ce n’est que peu à peu qu’il est devenu le catalyseur de ce ça en faisant sauter les verrous des interdits qui ne demandaient qu’à l’être. La crise aussi n’est qu’un catalyseur. Si les néonazis allemands prononcent publiquement sans complexe un mot qu’ils estimaient imprononçable quelques mois plus tôt, c’est qu’il est devenu audible. C’est peut-être le signe que le seuil de l’irréversible est franchi. » (…)

Sur France Culture, à 12 h 00, l’émission Les Midis de Culture proposaient un débat sur :

-l’exposition intitulée POP FOREVER à la fondation Louis Vuitton (créée par Bernard Arnault, PDG de LVMH et ami de D. Trump qui l’avait invité à son investiture. Le site de la fondation propose une visite virtuelle.

-l’exposition des créations de Dolce et Gabbana au Grand Palais.
Les deux invités ont dit apprécier les deux expositions et, en même temps, souligné leurs limites, en laissant entendre quelque chose comme un malaise.
Ici, un néo-réalisme colorié, là, une profusion d’objets de luxe.
Dans les deux, l’évacuation du tragique constitutif de l’œuvre d’art.

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