Le Monde avait expédié trois « envoyés spéciaux » en Corse pour rendre compte de la visite du Pape (15/12/2024). Avec le correspondant sur place, ils étaient donc quatre pour relater l’événement qui n’a pas rassemblé les cent mille personnes attendues, mais quand même quarante mille. Dont le ministre de l’Intérieur, B. Retailleau, « fervent chrétien », précise l’article, dont les propos sur l’immigration illustrent très bien son amour du prochain évangélique. Il ne doit pas s’aimer beaucoup lui-même.
Je ne sais pas comment expliquer mon impression d’irréalité. Le Pape dit qu’il faut prier pour Mayotte. Prenez-le par le bout que vous voulez – pas le Pape, le fait de prier – vous rentrez dans le mur de l’absurde. Comme je suppose qu’il ne croit tout de même pas que Dieu a envoyé le cyclone pour punir les méchants Mayotains comme il avait fait trembler la terre à Lisbonne en 1755 pour punir les méchants Lisboètes , faut-il le prier pour lui demander de ne pas oublier de venir en aide aux survivants et d’accueillir les morts au Paradis ? Si j’étais Dieu, je ne serais pas très content qu’on me suppose une distraction telle qu’il faille me rappeler mon cahier des charges
Le Pape n’a pas seulement parlé de Mayotte. Il a évoqué la laïcité qu’il doit trouver un peu rigide puisqu’il souhaite « « un concept qui ne soit pas statique et figé, mais évolutif et dynamique, capable de s’adapter à des situations différentes et imprévues ». Compte tenu de la situation politique française fortement différente et imprévue, le concept pourrait-il évoluer dynamiquement jusqu’à l’organisation de prières nationales – le ministre B. Retailleau pourrait donner le ton – pour que le nouveau premier ministre ne soit pas tout de suite renversé ? On pourrait aussi imaginer une messe à Notre-Dame à laquelle participerait le président de la République et tous les corps de l’Etat.
Il n’a pas parlé que de Mayotte et de la laïcité, il a dit aussi d’autres choses importantes : « Jamais je n’ai jamais vu autant d’enfants qu’en Corse. Faites des enfants, ce sera votre joie et votre fierté » et « Prenez soin de vos anciens, ils sont la sagesse. » C’est bien, non ?
Hier, en fin de soirée, Mezzo rediffusait les Vêpres de la Vierge de Monteverdi (1610), sous la direction de John Eliot Gardiner. J’ai déjà expliqué en quoi cette œuvre est un des sommets de la musique en tant qu’expression de ce que nous sommes, nous les humains, corps et esprit. Cette version, enregistrée il y a une dizains d’années dans la chapelle du château de Versailles ne vaut pas celle que je considère comme le sommet du sommet de cette œuvre, enregistrée par le même J.E. Gardiner, en 1986 dans la basilique saint Marc de Venise. (Elle est disponible sur YouTube).
Je sui en train de l’écouter en écrivant cet article. Elle me permet d’évacuer ce sentiment d’irréalité.