Journal 113 – « Ecosocialisme » – ( 03/12/2024)

« Eco », du grec oïkia et oïkos : la maison [l’écologie est donc le discours sur la « maison » – rien à voir donc avec l’école qui vient du latin schola, décalque du grec scholè : le loisir, notamment pour étudier] et « socialisme » [du latin socius : commun] est un néologisme dont le philosophe et sociologue Michaël Löwy expliquait la signification et les visées dans l’émission Questions du soir (France Culture – 18 h 15 – 02/12/2024).
« Un courant politique fondé sur une constatation essentielle : la sauvegarde des équilibres écologiques de la planète, la préservation d’un environnement favorable aux espèces vivantes – y compris la nôtre – est incompatible avec la logique expansive et destructrice du système capitaliste. La poursuite de la « croissance » sous l’égide du capital nous conduit, à brève échéance – les prochaines décennies – à une catastrophe sans précédent dans l’histoire de l’humanité : le réchauffement global. »
Le discours est celui d’une conscience aiguë de la gravité de la situation planétaire.
M. Löwy, marxiste de formation et de conviction, essaie de trouver une adéquation entre l’analyse du capitalisme que propose Marx et des solutions autres que celles qui ont été expérimentées au 20ème siècle (URSS notamment).
Comme il arrive souvent, il y a un hiatus entre la pertinence du diagnostic du fonctionnement du système et les solutions proposées, en ce sens qu’à aucun moment le philosophe ne pose la question de l’objet (ce qui n’est pas le sujet).
Il aborde l’objet par la distinction marxiste entre la valeur d’usage et la valeur d’échange : il prend l’exemple de la chaise sur laquelle il est assis. Sa valeur d’usage est de permettre de s’asseoir, la valeur d’échange est celle que je lui donne si je l’emporte sur le marché pour la vendre. De là découle le changement proposé par l’écosocialisme : la valeur d’usage devient le critère principal. Ce qui importe n’est pas le profit mais la satisfaction des besoins des gens. « C’est tout » ajoute-t-il.
Ce « c’est tout » conduit à des solutions qui ressemblent à des exhortations, des invocations, rien qui corresponde à l’ampleur et à la gravité du problème.
La question qu’il ne pose pas est celle de l’investissement sur l’objet, autrement dit la problématique non du capitalisme industriel et commercial tel qu’il apparaît à la fin du 18ème siècle, mais celle de l’équation capitaliste qui en est la matrice existentielle.
Tant qu’elle n’est pas posée, les solutions n’apportent que des réponses marginales qui rendent illusoire l’utopie écosocialiste revendiquée .

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