Pour le corps, ça va, on sait : les deux pieds au bout des jambes, l’œil scrutateur et les bras comme des balanciers.
L’esprit, lui, n’a ni jambes ni pieds, seulement un cerveau avec une centaine de milliards de neurones qui passent leur temps à se connecter à la recherche de points d’appui. Cent milliards de neurones pour un seul cerveau, c’est déjà beaucoup, mais quand vous multipliez par le nombre d’habitants sur la planète et que vous pensez aux milliards de milliards de milliards de combinaisons différentes qui se réalisent à chaque seconde, vous comprenez pourquoi les petites machines individuelle et la grande machinerie globale ont des ratés.
L’ONU en est la caisse de résonance. Dans son principe, cette organisation est le point d’appui de la raison commune contre les déraisons particulières. En particulier son Assemblée générale où s’expriment actuellement les chefs d’Etat… sauf celui de la Russie, membre permanent du Conseil de sécurité de cette organisation, envahisseur de l’Ukraine, et contre lequel a été émis un mandat d’arrêt par la Cour pénale internationale pour crime de guerre.
Celui des Etats-Unis y a tenu son dernier discours. Comme il le fait régulièrement, il incite Israël à la modération tout en continuant de lui livrer des armes utilisées pour détruire l’enclave de Gaza (quarante mille morts) et éliminer le Hamas, attaquer maintenant le Liban (cinq cents personnes tuées par un récent bombardement) pour éliminer le Hezbollah, deux organisations religieuses extrémistes que la politique israélienne de colonisation et d’occupation célébrée et promue par des extrémistes religieux associés au gouvernement a contribué à créer.
Là, dans cette région du monde, où que vous vous appuyiez, les points d’appui lâchent.
Chez nous, le premier ministre téléphone à la chef du RN pour s’excuser des propos d’un de ses ministres qui rappelait que le RN ne fait partie de l’arc républicain. Il sait que son gouvernement est à la merci d’un vote du RN pour une motion de censure déposée par la gauche… arrivée en tête au second tour des législatives en grande partie au nom de l’arc républicain et à laquelle le président de la République a refusé la formation d’un gouvernement.
Il y a le chaos de la mythologie grecque, créateur de la structure du monde, mais le sens que nous lui donnons ordinairement est plutôt le contraire.
Restent nos petites machines particulières.
Je vous donne deux points d’appui.
La chorégraphie de Maurice Béjart (un diffusion hier sur Mezzo) pour accompagner la 9ème de Beethoven – en particulier, les deux premiers mouvements : la perfection des points d’appui des corps selon le rythme de la musique – et les symphonies de Bruckner – souvent diffusées sur la même chaine. J’ai déjà dû en parler. Les cuivres (cors, trombones, tuba) et les basses (contrebasses, timbales) pour des « chœurs » harmoniques qui vous remettent d’aplomb au cas où vous en auriez besoin. En particulier, la 4ème dirigée par S. Célibidache.