La violence, c’est celle des bombes envoyées dans la nuit de lundi à mardi par l’armée israélienne sur une zone de refuge qu’elle avait décrétée protégée et le témoignage (journal de 7 h00 – France Culture) de survivants enterrés sous le sable, sauvés de justesse. Une quarantaine d’hommes, femmes et enfants ne l’ont pas été.
Jusqu’à quel degré de destruction massive et quel type de répliques ?
Le dialogue, paisible, a pour objet une autre violence, celle de F. Pélicot contre sa femme.(cf. journal 79)
Ma contribution était une réponse à celles, nombreuses, des « incompréhensibles » et des jugements. Elle a suscité une réaction de « Robert » et un échange (limité par les quotas imposés par le journal) avec « Yannick ». Je les publie dans l’ordre chronologique.
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Comment non seulement comprendre mais admettre ce qui, selon les critères du « raisonnable » (au sens premier) est incompréhensible et inadmissible ? Il y a un fait et, sauf à tenter de contourner le problème avec le jeu des étiquettes « monstre, inhumain etc. », son existence têtue, non modifiable, oblige à reconsidérer ces critères. D. Pélicot est un être humain qui nous révèle ce dont peut être capable, seule parmi toutes les autres espèces, l’espèce humaine. Il n’est ni le premier ni le dernier. Cet été, France Culture a proposé une série d’émissions sur la Saint-Barthélemy. Parmi toutes les figures « remarquables », celle d’un orfèvre, qui a tué à lui seul, de ses mains, plus de cinq cents protestants, dont ses voisins. Il avait « de bonnes raisons ». D. Pélicot en avait, lui aussi.
Yannick : Un exemple terrible est le génocide au RWANDA à l’encontre des TUTSIS où votre voisin se transformait en tueur , violeur, tortionnaire avec une désinhibition totale révélant toute la cruauté, le sadisme, la perversité, la violence qu’un être humain lambda est capable d’exprimer en passant aux actes :l’inhumanité de l’humanité. A contrario dans ce même génocide ,certains humains eurent des actes de protections pour des personnes ne relevant pas de leur ethnie…
Ma réponse : Je voudrais attirer votre attention sur « l’inhumanité de l’humanité » – j’en comprends l’esprit – qui laisse penser qu’un homme pourrait commettre un acte qui ne serait pas humain. Tout acte commis par un être humain ne peut être qu’humain. Ce réel difficile à admettre explique « crime contre l’humanité » qui n’est en réalité qu’un crime « de » l’humanité. Le reconnaître invite à identifier ce qui nous différencie radicalement des autres espèces vivantes.
Robert : Pélicot ne pouvait pas se dire que le führer ou le roi Charles IX ou le pape ou les autorités Hutus approuvaient ses actes horribles. Il agissait pour son propre compte.
Ma réponse : In fine, on agit toujours pour son propre compte.
Yannick : Pour les animaux ,je serais pas si affirmatif , pour la raison que l’humain est un animal doté d’un organe hypertrophié ,son cerveau qui lui donne des spécificités comportementales. Mais les comportements innés demeurent : l’altruisme pour son espèce est observée des insectes aux mammifères, à contrario la violence gratuite( différente de l’agressivité) ,le harcellement gratuit, voire le « sadisme » par jeu existe aussi : mon chat qui joue avec la musaraigne, les dauphins qui harcèlent puis tuent les marsouins pour le fun en bandes qui » kinappent » une femelle pour la » violer » sous menaces et blessures , la meute de loups qui a toujours un individu défouloire .Difficile d’être dans leurs esprits et savoir le degré de plaisir , eux par contre n’ont pas le plaisir d’enfeindre la loi : summum du sadisme…
Ma réponse : La question que posent vos exemples – et que vous évoquez vous-même – est celle du sens que nous donnons à ces comportements. Est-ce que le chat se plaît à faire souffrir la musaraigne ou bien est-ce qu’il essaie de maîtriser un mouvement (il joue de la même façon avec un bouchon ou une bille) ? Pour m’en tenir à un exemple extrême, les animaux ne construisent pas de théories qui conduisent à construire des camps d’extermination. Je dirais que ce qui nous caractérise, en tant qu’espèce, est, au sens littéral, l’insatisfaction qui n’est évidemment pas une cause en soi, mais le produit d’autre chose. A mon sens, le type de conscience que nous avons de notre fin (discours biologique – comme les autres espèces – et, ce qui nous est spécifique, discours conscient depuis l’âge de 3 ou 4 ans). Avec ce constat : la mort est le seul réel qui ne soit pas enseigné et qui ouvre les portes du « croire » avec ses dérives de tous ordres.