A propos de l’être humain, Montaigne écrit dans ses Essais (I,1) : « C’est un sujet merveilleusement vain, divers et ondoyant que l’homme. Il est malaisé d’y fonder jugement constant et uniforme. »
Dominique Pelicot en est une illustration « merveilleuse » dans le sens extra-ordinaire.
Ce monsieur, âgé de 71ans, comparaît devant la cour criminelle du Vaucluse pour avoir fait violer son épouse, inconsciente – il la droguait –, pendant une dizaine d’années par des dizaines d’hommes qu’il recrutait sur Internet. Une cinquantaine d’entre eux seront à ses côtés sur le banc des accusés.
Le couple est marié depuis cinquante ans et, jusqu’à ce que les preuves lui soient fournies, son épouse disait de lui « c’est un super mec ».
Outre la perversion du mari et de ceux qui ont participé à ce viol – certains disent qu’ils pensaient qu’il s’agissait d’un jeu et que la femme simulait l’inconscience – il y a au moins deux problèmes essentiels :
– comment un homme que sa famille et ses proches considéraient comme un époux, père, grand-père et copain bien sous tous rapports, peut-il dissimuler ainsi sa part d’ombre ?
– comment une femme qui vit pendant cinquante ans à côté de cet homme peut-elle ne pas percevoir cette part d’ombre ?
Montaigne est là pour nous rappeler cette réalité spécifiquement humaine de la dissimulation et, vraisemblablement, du déni.
PS : Les censeurs du Monde ont justifié l’effacement de ma contribution (voir le journal 78) par le motif « apologie du terrorisme ».
L’homme est aussi sujet à la bêtise
