Journal 75 – Irlande 9 – une crêpe irlandaise, un crime anglais, des JO et une femme française grosse (07/07/2024)

Ça ressemble à un catalogue à la Prévert. Je précise tout de suite que c’est tout à fait exprès. Je garde le raton laveur pour la fin.

La crêpe irlandaise, ce fut hier, à Roundstone, un petit port, toujours dans le sud du Connemara, non loin de Clifden (au bout du  bout). Il y a cinq ou six ans – avant l’épisode covid – nous avions loué un appartement dans ce petit port. Le dimanche, il y avait un marché juste à côté, dans ce marché une petite caravane jaune et dans cette caravane une crêpière française – je parle de la personne qui les fabrique. J’aime les crêpes parce qu’elles sont faites avec de la pâte et que j’aime les pâtes, toutes les pâtes et sous toutes les formes. C’est dire !  (Je ne sais pas quoi ni de quoi, mais je le dis quand même parce que). La crêpière et moi avions parlé pendant qu’elle étalait la pâte. Elle était originaire d’Ariège, avait épousé un Irlandais et proposait ses crêpes sur les marchés. Elle aimait l’Irlande, même en automne et en hiver.

Hier, ce n’était pas dimanche, mais mardi, et j’eus la surprise de découvrir la petite caravane. – le circuit proposé de la Bog road (route des tourbières, que nous avions découverte alors, spectaculaire) créait une certaine animation. C’était la même crêpière, toujours aussi souriante et heureuse de l’Irlande. Nous renouâmes la discussion. Elle était contente de cette nouvelle rencontre, moi aussi,  et elle m’offrit la crête que je lui commandai.   

Jusque-là, tout va bien.

Pour le reste, mes trois contributions au Monde. La première pour le meurtre de Southport et les émeutes suscitées par l’extrême-droite anglaise, la seconde pour l’article – un peu particulier – relatant la 4ème place de la coureuse française du 3000 steeple, la dernière pour Barbara Butch – aux antipodes de la représentation féminine habituelle – qui fut un des personnages du « tableau » de la cérémonie d’ouverture des JO qui suscite toujours la polémique.

1° Un tel acte, de l’ordre de l’absurde, est un exemple parmi une infinité d’autres de la démesure dont seul, de toutes les espèces, est capable l’être humain, même quand il est adolescent.  L’enquête dira pourquoi ce garçon de 17 ans a tué trois petites filles à coup de couteau, apparemment au hasard d’une rencontre, Réduire la ou les causes de ce crime au fait migratoire vise à évacuer cette spécificité en fournissant la « rationalité rassurante » constitutive de la théorie du bouc émissaire dont se nourrit l’idéologie d’extrême-droite. En Angleterre, en France, partout, elle est l’expression, non politique, des peurs et de l’angoisse humaines  qui peuvent devenir une pathologie collective dont cette idéologie devient alors l’expression électorale du déni. Nous y sommes.

2° Les Africaines des hauts plateaux… la Française de Montbéliard…. Huit contre une… Afrique… Europe… Hum… Manquent seulement les couleurs.

3° Imaginez, par pure hypothèse d’école, que le canon de l’élégance féminine soit la longue jeune femme si mince qu’elle semble souffrir d’anorexie et qui marche comme une mécanique à ressors. Oui, c’est tout à fait invraisemblable, mais ce n’est qu’une supposition. Eh bien, dans ce cas, il y aurait sans doute des jeunes filles qui se mettraient en danger pour leur ressembler, et d’autres qui, parce qu’elles sont le modèle exactement inverse, s’attireraient des remarques désobligeantes.  Ce n’est toujours qu’une hypothèse. Et le jour où une femme qui n’est ni élancée ni maigre s’exposerait pour dire « je suis une femme, moi aussi », il y aurait comme un effet de sidération.

Et, comme raton laveur, 22000 tablettes vieilles de 4000 ans découvertes en Assyrie,  indiquant un « semblant de démocratie » (dit l’article du Monde) quinze siècles avant la démocratie pour de vrai d’Athènes qui condamna à mort et exécuta démocratiquement Socrate au motif qu’il ne croyait pas comme il faut croire, autrement dit parce qu’il pensait.

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