Hier, 18 juillet, trois reconductions.
Celle d’Ursula Von der Layen à la tête de la Commission européenne.
Celle de Yaël Braun-Pivet à la présidence de l’Assemblée nationale.
Celle de Donald Trump pour l’élection présidentielle de novembre.
Leur point commun : la cohérence d’une représentation d’un état du monde, selon les variables européennes et planétaires.
En Europe, dominent encore les forces traditionnelles de la droite multiforme et de la social-démocratie, unies encore dans une sphère encore fermée aux diverses expressions de l’idéologie d’extrême-droite, et qui (je n’ose dire « parce qu’elles ») sont encore parvenues à se répartir les postes du pouvoir.
Vous avez noté les quatre encore. Ils posent l’implicite question « jusqu’à quand ? » contenue, pour l’Europe, dans le discours de campagne de Mme Layen qui annonçait ne pas exclure une collaboration (= travail avec) avec certaines représentations de l’extrême-droite. Même si c’était un discours tactique, compte tenu de ce que signifie cette idéologie, il est le signe d’une déliquescence.
En France, la question est posée par la configuration de l’Assemblée nationale issue des dernières législatives.
André Chassaigne, le candidat (communiste) du NFP, battu de 13 voix, s’est écrié « Le vote des Français a été volé par une élection contre-nature ». « C’est un coup de force contre la démocratie » a renchéri Fabien Roussel, le secrétaire du PC.
Une protestation qui est tout sauf l’expression d’une analyse.
Le Nouveau Front Populaire ne tient aucun discours relatif au « commun » – qui constitue son essence –, ce qui l’a conduit à ne pouvoir proposer qu’un catalogue de mesures économiques et sociales. Autrement dit : aucun projet de rupture avec le capitalisme, rien qui soit de la nature « révolutionnaire » constitutive de ce rapport au « commun », notamment par la mise en cause de l’équation capitaliste être = avoir + dont l’accélération du changement climatique est l’effet de plus en plus dramatique, et encore largement dénié – d’où, pour une part importante, le développement de l’idéologie d’extrême-droite en tant que vecteur de fuite en avant.
Le NFP est électoralement majoritaire mais cette majorité relative – obtenue par le jeu de désistements-barrages – n’est pas celle d’une adhésion à un projet politique et elle est sans dialectique : ce qui oppose LFI aux trois autres composantes (PS -PC- Écologistes) est de l’ordre de la peur de l’exercice du pouvoir dans le cadre de l’absence de mise en cause du système.
Quant à D. Trump, il bénéficie de l’aide non seulement de Dieu (« Le sang coulait partout et pourtant, d’une certaine manière, je me sentais en sécurité, parce que j’avais Dieu à mes côtés » – si « Dieu avec nous ! » n’est pas vraiment une nouveauté, le trop à gauche de quelques centimètres renvoie sinon à Tintin – « Caramba, encore raté ! » en tout cas à l’épopée homérique) mais surtout de J. Biden.
Même s’il est probable qu’il se retire, celle ou celui qui le remplacera devra trouver une autre aide que celle de Dieu coiffé désormais de la casquette du rouge qui n’est pas celui d’un nouveau commun révolutionnaire, mais du « moi d’abord ! », une autre expression planétaire de la fuite en avant.