L’abbé Pierre avait donc un corps. Et les pulsions sexuelles qui vont avec. Autrement dit, tout abbé qu’il fût, il était un homme.
Ce qui est révélé aujourd’hui témoigne de la misère sexuelle dont la structuration sociale n’est toujours pas considérée comme une problématique. Un autre signe de la même misère.
D’où les étonnements de ceux qui croyaient et croient encore, malgré le rapport Sauvé, que la soutane ou son substitut abolit le sexe, et la honte déclarée par l’église alors qu’elle est elle-même l’expression structurée de cette misère.
Au regard de l’investissement altruiste de l’abbé – Emmaüs – , les contributions du Monde vont dans tous les sens, du « c’est incroyable » au « ce n’est quant même pas si grave que ça ». en passant par « il y a un problème avec le célibat des prêtres », « c’est pardonnable » et le jeu avec saint et sein.
Ma contribution :
« Pour être abbé, il n’en était pas moins homme*. Un homme conduit par son histoire personnelle à s’engager dans la voie de l’interdit de sexualité – organisé en église – compensé ou sublimé, comme on veut, par un investissement altruiste impuissant à supprimer les pulsions. En témoigne le rapport Sauvé. L’essentiel de l’Evangile n’est pas l’amour mais la résurrection des corps dont notre savoir nous dit par l’expérience et l’analyse qu’elle n’est qu’un mythe. Le mépris du corps et le péché de la chair sont, in fine, des expressions du déni de la mort telle qu’elle est : le cadavre. »
* En référence au « Ah ! Pour être dévot je n’en suis pas moins homme » de Tartuffe, une de ses rares confidences qui suscite la sympathie en ce sens qu’elle témoigne de la misère sexuelle.
Ici, dans le comté de Donegal –en haut et à gauche de l’île –, quand on marche sur une toute petite route dans la campagne profonde et qu’on croise une voiture, on a droit à un salut de la main. Ce n’est pas propre à l’Irlande. Dans les Cévennes aussi, et même dans la rue, même quand on ne connaît pas les gens qui vous disent bonjour. Il doit y avoir un point commun. Est-ce que ce serait l’héritage d’une histoire économique pauvre ? Ce qui me suggère cette hypothèse, c’est que les Stéphanois – oui, « Allez les verts ! » – sont réputés pour leur obligeance alors que les Lyonnais, eux… Les mines de charbon et les aciéries d’un côté, les soieries et la gastronomie de l’autre… Le litron de rouge, ici, là, le pot de côtes (du Rhône) ou de beaujolais…. De l’histoire ancienne, oui, et qui se poursuit après la fermeture des mines et des usines, après la disparition des « soyeux ».
La mémoire…