Le bateau ivre – Arthur Rimbaud (1)

Le poème, un des plus célèbres de la poésie, fut écrit par un adolescent de 16 ans.

La poésie se manifeste dans un moment d’incomplétude dont tout le monde fait l’expérience un jour ou l’autre, et dont l’expression va du poème d’amour le plus maladroit jusqu’au sommet qu’atteignit Arthur Rimbaud à l’âge où les garçons habituels se réunissent pour parler des filles.

La problématique de la poésie commence sur le seuil inconnu au-delà duquel, juste au-delà, mais on ne le sait vraiment qu’après, les mots du quotidien, les mots qui désignent, ne veulent plus rien dire. Les mots…  C’est le monde qu’ils désignent qui n’a plus de sens, si jamais il en eut un satisfaisant.

Est-ce une déconnexion qui s’est produite, ou alors la connexion qui n’a pas été réalisée,  celle qui, en-deçà du « ça va » quotidien, permet de tenir, de faire avec, de s’accommoder ?

On dit que Le bateau ivre est un poème difficile, un des plus difficiles de la langue française.

Il n’a de difficulté réelle que celle de l’acceptation de la nécessité de la poésie.

La peinture, la musique ont un vocabulaire spécifique alors que la poésie n’a que les mots du langage courant qui, à la différence de la couleur et de la note, signifient déjà quelque chose avant même de trouver leur place dans le poème.

S’y ajoutent les représentations stéréotypées de la poésie-sentiment et du poète-être-bizarre-déclamateur qui compose des vers en comptant les syllabes, avec des rimes au bout, des assonances, des rejets, des allitérations, tout un arsenal d’outils dont l’élève doit apprendre les noms supposés donner du sens à une poésie qu’il récitera par cœur dans les premières classes avant d’être confronté, à l’âge de Rimbaud, à l’exercice imbécile du commentaire, hors de portée et destructeur.

La nécessité de la poésie est mal acceptée parce qu’elle touche au langage que nous utilisons au quotidien pour dire quelque chose d’immédiatement compréhensible.  L’utiliser pour dire autre chose est de l’ordre de la subversion et si le poète est  « maudit » dans la représentation convenue, n’est-ce pas, essentiellement, parce qu’il « dit mal » ?

J’ai dit que mes deux poèmes préférés étaient La chanson du Mal-aimé de Guillaume Apollinaire (articles à partir du 20/06/2020) et Le bateau ivre d’Arthur Rimbaud. J’ai dit aussi qu’un jour je me lancerais dans une explication de ce poème.

J’attendais le déclic. Il s’est produit ce matin alors que j’écoutais sur France Culture la partie de l’émission de Quentin Lafay (7 h00 / 9h00) dédiée à la poésie.

(à suivre)

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