Cinq objets pour une même page de journal. C’est beaucoup, oui, – vous avez tout le week-end, allez-y par petites doses – mais vous observerez qu’il y a un lien assez visible entre les quatre. Je vous aide finement : s’il y avait, en plus, quelque chose genre « chou à la crème » (chantilly, parce qu’anglaise… sauf dans une pièce montée, mais là, il y a du caramel, de la nougatine et puis, c’est pour un mariage, alors voyez-vous… ) ou « boudin noir » (aux pommes et pommes de terre… c’est plutôt un plat d’hiver, et, là, voyez-vous, le problème, c’est le vin : lequel choisir pour accompagner cet assemblage salé-sucré ?) je comprendrais votre perplexité.
Mais il n’y a rien de tel et je ne comprendrais pas que vous protestassiez (il n’est pas indispensable, mais il en jette !) en prétextant des choux à la crème et du boudin noir, comme des cheveux sur la soupe genre !
Non. Le seul point obscur, c’est « verrous ». Je vous aide encore – je suis trop bon : il ne s’agit pas de verrous pour de vrai, mais d’une métaphore, genre il y a des interdits qui ne fonctionnent plus, voyez-vous ? Quant au rapport entre prostitution, sexe, extrême-droite et Trump, je ne vous aide pas. Non !
1- Cinq hommes viennent d’être condamnés à des peines de prison ferme, pour avoir eu des relations sexuelles tarifées avec une enfant de de 12 ans, prostituée (Le Monde 30/05/2024) : Inès s’est enfuie de chez elle, a rencontré une jeune fille qui lui a indiqué comment elle pouvait gagner de l’argent. Elle recevait les clients dans une chambre d’hôtel, affublée d’une perruque et fortement maquillée. Les nombreuses contributions, le plus souvent d’ordre moral ou contestant les peines (estimées trop légères) m’ont incité à envoyer celle-ci :
« Voilà. Il y a la dimension émotionnelle du cas particulier (non isolé), pathétique, et la problématique : la misère sexuelle qui produit la prostitution sauvage, dont Inès – une misère d’une autre nature – est une illustration. Quel enseignement, à l’école, depuis le premier âge, de ce que sont les pulsions, la manière de les gérer ? Quel discours « politique » (sens premier) sur la problématique de la sexualité, sinon le discours substitutif inadéquat de la morale (les prêcheurs ne sont pas toujours des anges) ? La prostitution, qui est une composante de cette problématique, est une constante de toutes les sociétés humaines que rien ni personne n’est jamais parvenu à supprimer. Le déni de cette problématique (comme de celle de la drogue, entre autres) aboutit aux réseaux mafieux, à la délinquance et à l’entretien des misères. »
2 – Un long article dans Le Monde (31/05/2024) ainsi résumé : « Ambassadrice d’un art aussi glamour que militant, la drag queen Nicky Doll, de son vrai nom Karl Sanchez, est la maîtresse de cérémonie de « Drag Race France », dont la saison 3 sera diffusée à partir du 31 mai sur France 2 et France.tv. »
Précision ou rappel : une drag queen est un homme qui prend l’apparence (vêtements, maquillage) d’une femme. L’autrice (oui… je sais) de l’article hésite entre il ou elle quand elle cite… il ou elle.
L’article est agrémenté d’une photo de Nicky Doll et… eh bien, il n’est pas du tout inutile de savoir qu’il s’agit d’un homme… parce qu’il est très belle.
Ma contribution : « Ce qui dérange – il (sexe) ou elle (genre) ? – c’est la disparition des repères, clairs, nets, visibles, rassurants de l’identité entre le sexe biologique et le genre. XX ou XY, c’est la « nature » et puis c’est tout. Eh non, ce n’est pas tout, la « nature » est juste un peu plus complexe. »
J’ai noté cette contribution : « Je trouve ça plutôt marrant et sympa et ils font ce qu’ils veulent dans le vie. Par contre, je ne suis pas sûr que la surreprésentation médiatique en mode militant pour officiellement « promouvoir la tolérance » n’ait pas un effet contraire. Ce qui est compliqué parce que d’un côté, on ne veut pas imposer aux gens de vivre dans un placard et d’avoir honte de ce qu’ils font mais d’un autre, est ce que ça vaut la peine de pousser à ce point si cela contribue à faire augmenter l’intolérance voire la violence ? »
A laquelle j’ai ainsi répondu :
« Le problème que vous posez concerne la dialectique : une définition exclusive produit un jour ou l’autre une réaction qui la remet en cause avec des démesures équivalentes à celles de la définition, avant que ne soit trouvée, dans un temps nécessairement long, une résolution (cf. les réactions contre le racisme, l’esclavage, le colonialisme, la discrimination des femmes, l’homosexualité etc.). Comment accompagner de la manière la plus adéquate ces remises en cause, selon qu’on les approuve ou pas ? Telle est la question. »
3- Les verrous sont ceux des interdits qui sautent aussi chez les enfants dont un article du Monde (29/05/2024) explique qu’ils reprennent entre eux les slogans de l’antisémitisme et qu’ils se réfèrent sans la moindre gêne à Hitler.
Résumé de l’article: « Depuis l’attaque terroriste* du Hamas en Israël, le 7 octobre 2023, l’éducation nationale a recensé près de 1 450 actes racistes et antisémites, tous âges confondus. Un tournant pour un phénomène qui se dessinait depuis plusieurs années et qui concerne désormais les élèves dès le primaire. »
* La rédaction du journal n’a pas encore décidé d’examiner le sens et l’emploi de l’adjectif.
Ma contribution :
« La conscience qu’ont les enfants importe moins que ce que signifient dans leur bouche les slogans évoqués : des verrous ont sauté, ce dont rend compte, dans cet espace de débat, l’expression de l’idéologie d’extrême-droite avec, notamment, la couverture prétexte du « wokisme », cité à tout propos en guise d’explication, comme si le mot – une étiquette commode – ne recouvrait que les excès d’une démesure, actuelle, qui répond à une autre démesure, historique. Autrement dit, l’absence de « la pensée du processus » est le dénominateur commun du discours de l’enfant qui ne sait pas et de l’idéologie d’extrême-droite qui refuse de savoir ou fait semblant. De l’un à l’autre, la différence entre l’irresponsabilité de l’ignorance et la responsabilité du déni de la pathologie collective dont le RN et Reconquête ne sont que les expressions électorales : le 9 juin, la responsabilité adulte impose d’émettre un vote politique. »
4 – Je passe en Italie. Article (30/05/2024) sur G. Meloni intitulé « Le double jeu de G. Meloni en Europe » et ainsi résumé « Longtemps contemptrice de l’Union européenne, la présidente du conseil italien a su s’imposer comme une interlocutrice constructive à Bruxelles. Mais, à Strasbourg et à Rome, les votes de ses troupes reflètent son ambivalence. Elle cherche à imposer une autre majorité, plus à droite, après les élections européennes. »
Ma contribution :
« La lune, le doigt qui la montre, et le choix du regard. Ce n’est pas une « droitisation » (oh, le beau doigt !) que cherchent G. Meloni et les autres, mais une « extrême-droitisation « , et ça, vous le verrez même si vous ne voulez pas le regarder, mais après, vous savez, quand viendra pour les contemplateurs du doigt, le temps des Ah, si j’avais su ! »
5 – D. Trump ( prostitution, sexe, extrême-droite et verrous, il coche toutes les cases – non, mais je suis trop bon) vient d’être condamné à New-York.
Simple contribution destinée à balayer l’argument d’un complot démocrate et orchestré par le juge :
« « Guilty » n’a pas été décrété par un juge, mais par douze jurés tirés au sort et acceptés par la défense. »
Et toc ! – c’est ce qu’on dit pour signaler que c’est top quand on est immodeste.
Pour la récréation, cette information à méditer sur le temps, l’espace, l’infiniment grand et l’infiniment petit :
« Le télescope James-Webb détecte la plus lointaine des galaxies connues. JADES-GS-z14-0, qui date de seulement quelque 290 millions d’années après le Big Bang, est « extrêmement bizarre », a expliqué Kevin Hainline, l’un des chercheurs impliqués dans cette découverte. (Le Brief du Monde – 31/05/2024) »
Je ne sais pas vous, mais j’aime bien le « seulement » avec « quelque 290 millions d’années ».