En latin*, le complément du nom est indiqué par ce qu’on appelle le « cas génitif » (de genus : origine, genre, espèce), indiquant la provenance, l’appartenance : Le curé de Tours, Les vrilles de la vigne, Les enfants du paradis, sont des exemples que j’ai choisis pour montrer discrètement toute l’étendue de ma culture (autre complément du nom, lui-même autre complément du nom, lui-même etc.).
Je précise tout ça pour en venir à la question que pose l’intitulé l’interdit de la pensée et son double sens possible.
J’explique : « l’amour d’une mère » peut indiquer soit l’amour qu’elle donne soit celui qu’elle reçoit, soit les deux. (J’ai pris cet exemple parce que c’est aujourd’hui la fête des mères, sinon j’aurais trouvé autre chose).
Donc l’interdit de la pensée peut signifier l’interdit imposé à la pensée ou que la pensée s’impose elle-même. Ou un mélange des deux.
> Avant d’en venir à l’essentiel, je laisse la parole au latin* qui tient absolument à dire : Oui (je ne dis explicitement pas qu’il faut l’apprendre pour éviter de répéter inutilement ce que savent les lecteurs du blog), et aussi le grec.
Voilà qui est fait.
L’essentiel renvoie à celui du Journal 53 (la mort… toujours la mort) : l’aide à mourir.
Après la publication de ma contribution, il y eut cette autre, qui veut apporter une critique à la thèse de la tribune : « Notre vie nous appartient, à nous, et non aux soignants, ni aux religieux, ni à l’Etat, ni à la société ».
La voici. Elle est signée X. Vous allez comprendre le rapport avec l’intitulé.
« Il me semble au contraire de l’autrice qu’une réflexion collégiale permet d’éviter de donner « le pouvoir » au seul médecin. D’autre part, les soins palliatifs à domicile sont possibles, dans certaines régions en tout cas, ce qui est totalement ignoré ici (à dessein?) et un axe serait de rendre cette possibilité plus accessible… Et malgré ce qui est dit la mort n’est pas quelque chose qui ne regarde que la personne mourante, son entourage est affecté et l’existence de celui-ci peut avoir une influence importante sur les désirs exprimés (si on ne veut pas que nos proches nous voient dans un certain état par exemple). »
Le questionnement qui justifie l’intitulé est celui-ci : qu’est-ce qui empêche X de penser la problématique ouverte par la tribune ? Est-ce un interdit imposé à sa pensée (extrinsèque) ou bien un interdit qu’elle produit elle-même (intrinsèque) ? Ou les deux avec une place variable du curseur.
Autrement dit : soit on m’a inculqué des principes, une croyance, ce qu’on voudra, peu importe, qui bloquent ma pensée à un certain seuil indépassable, soit j’ai quelque chose en moi, de l’ordre du physique, de type angoisse, qui produit ce blocage, soit un composé des deux.
Voici, la pensée de la problématique, telle que je la comprends – une réponse envoyée à X et publiée :
« Le « médecin » n’est pas réductible à une personne, il est un pouvoir. Le soin palliatif n’est pas contradictoire avec l’aide à mourir, il en est seulement une forme dont certains voudraient qu’elle soit la seule autorisée. L’entourage affecté et source d’affectation est une constante et pas seulement au moment de la mort ; la question que vous soulevez est celle de l’exercice de la liberté dans le cadre des relations affectives. Par exemple, devenir grabataire ou le refuser est déterminé par divers paramètres, dont celui de l’impact sur les proches, oui, mais quelle que soit la nature des rapports familiaux, c’est, in fine, à celui qui est concerné qu’incombe la décision qu’il prendra comme il le peut et le veut, et quelle qu’elle soit : de ce point de vue, il n’existe que des cas particuliers. Le droit à l’aide à mourir, c’est la reconnaissance du cas particulier. »
Concrètement donc : qu’est-ce qui empêche X de penser que le problème posé ans la tribune n’est pas un ou deux ou trois médecins, ou un collège réfléchissant, mais le pouvoir médical ? Que le rapport sujet-environnement familial est une constante de la vie et n’est pas spécifique de la mort ?
D’où l’intitulé.