Journal 42 – Mouvement et Paul Auster – (02/05/2024)

Vous voyagez pendant une semaine et chacun des jours de cette semaine vous éprouvez le sentiment d’être parti depuis très longtemps. Bon. Si encore c’était chaque fois pareil ! vous dites-vous en soupirant.  Si encore c’était encore plus remarquable quand le voyage est très long ! vous dites-vous avec un soupir plus marqué. Mais non ! Comme vous êtes plutôt épris de connaissance, de savoir et tout et tout, vous vous dites qu’il y a forcément une explication. Des décrochages, quelque part là-haut. Je veux dire dans la tête. Des trucs chimiques, électriques déclenchés. Oui, mais par quoi ? Et si encore c’était vrai pour vous tout seul ! Oui, vous, je veux dire moi. C’est un procédé d’écriture. Donc, si encore… Mais non, la personne qui voyage avec vous éprouve le même sentiment.  Là, ça se complique parce qu’il faut imaginer une double machinerie qui marche pareil. (Vous avez remarqué : « marche pareil » c’est pas très bon, c’est fait exprès pour signaler une perturbation) Donc quelque chose comme une symbiose. La symbiose, au sens littéraire d’union étroite, c’est pas trop votre truc (même remarque que pour « marche pareil ») mais au sens biologique, c’est plutôt tentant. Vous vivez avec quelqu’un dans un rythme global identique (là, je ne dis pas « rythme pareil » parce que la perturbation est nettement moindre) et vous en enregistrez sans vous en rendre compte (sinon vous n’écririez pas tout ce qui précède) tous les effets dans un rapport obligé du présent avec les départs passés et le départ futur. Vous avez beau être différents, les machines sont les mêmes et les impulsions données dans ce rapport à la fois obligé et partagé produisent le même effet.

Ça reste très bizarre.

J’ai appris, comme vous, la mort de Paul Auster.

Et là… . J’ai lu certains de ces livres, La Trilogie new-yorkaise, notamment.

Eh bien, aucun souvenir. Rien. Je suis allé lire sur Internet des résumés. Rien.

Ça craint (pas besoin d’insister sur le malaise).

Ça m’arrive parfois avec des films.

Vous commencez à regarder un film, et peu à peu vous réalisez que vous l’avez déjà vu. Et s’il s’agit d’un polar, vous vous demandez comment vous avez pu oublier…

Je vais relire Paul Auster. Voir, si c’est lui ou moi.

Je vous tiens au courant.

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