Ce matin, lever encore plus tôt de bonne heure que d’habitude à cause du changement d’horaire devenu un rituel apparemment vidé de sens. A 2 h 00 et il fut donc 3 h 00. Pourquoi cette heure choisie plutôt qu’une autre ? Je n’ai pas de réponse. Je ne sais pas vous, mais je n’ai pas programmé mon réveil à 2 h 00 pour opérer le changement que j’ai effectué avant de me coucher. Eh bien, vous le croirez ou pas, mais ça marche très bien. Cela dit, j’ai appris avec surprise que ce changement posait un problème aux vaches dont la traite décalée d’une heure faisait déborder les mamelles, expliquait un éleveur sur une chaine radio d’information. En l’écoutant, j’étais quand même enclin à penser que le problème était plutôt celui du traiteur que celui de la traitée, mais comme je n’ai pas de vache dans l’appartement je ne peux pas en apporter une preuve scientifique.
L’émission Le Bach du dimanche était bien à l’heure nouvelle et elle s’est déroulée sans perturbation apparente. Je ne sais pas si l’absence de vaches y est pour quelque chose. Au programme, l’Oratorio de Pâques. Rien à voir avec la Passion selon Saint-Matthieu dont il est question dans le journal précédent. En l’écoutant, je me demandais si cette différence qualitative – manifeste à mes oreilles – s’expliquait par la différence d’investissement entre la Résurrection et la mort. Hypothèse que valide à mon sens la place dominante donnée à la mort dans la religion chrétienne : le signe de reconnaissance des croyants n’est pas un symbole de résurrection, mais la croix. J’en étais là quand l’animatrice précisa que cet Oratorio de Pâques était à l’origine une composition profane que Bach avait composée pour un mariage et qu’il avait reprise en changeant les textes. Comme si, au fond, il n’était pas très inspiré par la Résurrection.
A 12 h 45, Signe des temps, sur France-Culture que j’ai pris quelques minutes après le début. L’invité – je connaissais la voix, sans parvenir à l’identifier – était manifestement un spécialiste du problème Israël/Palestine.
Et j’ai senti peu à peu monter en moi une exaspération – le mot est un peu fort mais je n’en ai pas d’autres sous la main – en écoutant ce que j’appellerai l’incarnation de l’imbu de soi. Un homme qui s’écoutait parler, émaillant ici et là son discours de citations en arabe et en hébreu prononcées avec l’accent, les tonalités, on s’y serait cru, bref qui savait à peu près tout – de fait, il savait plein de choses savantes – sauf ce qu’est une problématique. Par exemple : le journaliste rappela que la création du Hamas avait été favorisée par Israël et les USA – l’invité approuva en évoquant les millions de dollars arrivés en avion. Le journaliste précisa que cet argent devait aider à améliorer le niveau des habitants de Gaza et aboutir à terme à un étiolement de l’islamisme radical qui devait seulement servir à les séduire. Et quand il fit observer que l’islamisme n’avait fait que croître – à Gaza et en Cisjordanie –, qu’il y avait donc là une contradiction, l’invité procéda à la dilution du problème en recourant au procédé bien connu de l’accumulation des détails narratifs (par exemple, il raconta qu’il avait lu un article du journal israélien Haaretz – vous l’avez sans doute lu, dit-il au journaliste ! – en précisant qu’il l’avait lu en anglais – j’en avais les larmes d’admiration aux yeux en me répétant : il l’a lu en anglais !) qui conduisent à éviter la construction d’un discours (en l’occurrence le sens et l’importance du fait religieux extrémiste).
Il s’agit de Gilles Kepel.
J’écris en écoutant sur France Musique une émission intitulée « Mazette ! Quelle musique ! » signe qu’elle ne se prend pas au sérieux, elle.
Au programme : Bach en sa quarantième année. Et, pour commencer, la cantate BWV 182. Si vous avez un coup de blues (certains disent de mou, mais là il est question de musique), branchez-vous sur le site de la chaine.