Hier soir, je n’ai ni écouté ni regardé la conférence de presse du président de la République. Et, bien sûr, vous vous demandez anxieusement « Mais pourquoi ? » parce que vous êtes sous le coup d’un étonnement de type métaphysique. Cool, réponds-je dans un premier temps pour absorber votre inquiétude. C’est simple, ajouté-je dans un second : depuis que je sais qu’il y a un rapport entre ce qui se passe dans la tête et dans le corps, j’évite les grosses contrariétés. Comme le monde en est plein, j’ai estimé inutile d’en « remettre une couche », pour reprendre une expression qui ne dit pas de quoi est la couche et qui autorise donc toutes les imaginations.
En me levant, comme tous les matins (notez la virgule après levant, qui permet de comprendre que comme tous les matins renseigne sur la suite, même s’il est vrai que je me lève tous les matins) j’ai appuyé sur le bouton de mon poste-radio – j’écoute France Culture parce que je tiens à me cultiver – au moment où une journaliste rendait compte des réactions de la presse étrangère à cette conférence. En versant du café dans le mug… hum… ça me rappelle quelque chose… je me suis dit à moi-même que j’avais eu raison de regarder un polar, pas terrible, mais bon ( mais bon, dans le sens de « faire avec »).
Il y a surtout une formule qui ne passe pas « Que la France reste la France ». En buvant un peu de café… hum… je me suis encore dit toujours à moi-même qu’il fallait, comme on dit chez les psy, « mettre des mots » pour éviter une trop forte réaction psychosomatique, puisque, comme je le disais plus haut (je dis beaucoup, ce matin) psyché et sôma – comme disaient (là, c’est pas moi, c’est eux) les Grecs d’avant – font la paire.
Après avoir lu le compte-rendu dans Le Monde numérique, j’ai donc rédigé et envoyé la contribution suivante – elle a été publiée :
« Que la France (sujet) reste la France (attribut) » suppose que soit clairement défini le sujet. Sera-t-il « France de l’angle mort » ou « France du bon sens » ou « France du tracas » ? [formules employées par le président]
Plus sérieusement : entre 1940 et 1944, il y eut deux France dont chacune disait qu’elle était « la France ».
Toujours aussi sérieusement : le FN/RN qui prétend être le porte-parole de « la France », la vraie, la pure, « de souche », n’est-il pas un composant de la France ?
Le discours présidentiel qui renvoie à une supposée « France éternelle » est en contradiction avec celui de la France en mouvement, celle qui ne « reste » pas, celle de l’universalisme des Lumières qui s’exprime par « Liberté, égalité, fraternité » et que déteste le FN/RN. »
Depuis, mes démangeaisons ont baissé d’un cran.