Journal – 2 (12/01/2024)

Il est 7 h 14 et il ne pleut pas. 

Dans son discours d’entrée à Matignon – hier – Gabriel Attal déclara devant l’ancienne première ministre contrainte à la démission : « Le plus jeune le président de la République de l’histoire nomme le plus jeune premier ministre de l’histoire ». Ce qu’il traduisit par : « le symbole de l’audace et du mouvement, mais surtout le symbole de la confiance accordée à la jeunesse. »

Cet homme, jeune, de 34 ans, prononça ces paroles fortes, la tête tournée vers Elisabeth Borne. Elle, a 62 ans. Il lui signifiait donc, au cas où elle aurait oublié son âge, qu’elle n’était pas un « symbole d’audace et de mouvement ». C’était très gentil. Nul doute qu’elle ait apprécié ce sens de l’amabilité et de la courtoisie.

La goujaterie est une forme obscène du contentement de soi. Un contentement exprimé sur le ton de gravité ministérielle devant les employés du ministère réunis dans la cour de Matignon et les caméras de télévision :  Voyez comme je suis bien ! Non, mais, est-ce que vous voyez comme je suis bien ? Jeune, et tout ça !

A y regarder de près, ce n’est sans doute pas seulement sa propre autosatisfaction qu’il manifesta ainsi sans pudeur.

Si le président est le plus jeune président, s’il choisit le plus jeune premier ministre, si « le plus jeune » est « le symbole de l’audace et le mouvement », c’est que le président est le « symbole de l’audace et du mouvement ». CQFD.

G. Attal précisa qu’il reprenait ce que la presse avait déjà souligné – ce qui est aussi un problème – comme s’il s’agissait de reproduire une simple donnée, comme le nom et le prénom, alors que l’interprétation qu’il en fit indiquait clairement qu’il s’agissait au contraire d’une idée reçue, aussi stupide que celle qui associe sagesse et âge avancé.

L’âge n’indique rien qu’un stade des fonctions biologiques et organiques.

Quant au reste, l’intelligence ou la délicatesse, par exemple, c’est une affaire de profondeur de pensée dont on sait qu’elle n’a pas de rapport automatique avec les années vécues.

En témoigne cette autre phrase du même discours de « ce plus jeune premier ministre de toute l’histoire » dont la profondeur évoque celle de l’abîme : « Avec le président de la République, j’aurai donc un objectif : garder le contrôle de notre destin et libérer notre potentiel français. »

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