Journal – 1 (11/01/2024)

Je tente cette expérience originale, nouvelle, incroyable, jamais osée depuis le linéaire B mycénien du deuxième millénaire avant notre ère, d’une publication d’un journal. Il me semble bien l’avoir déjà tentée pour des vacances, mais c’était des vacances, alors que là, non.

Ce qui demande quelques précisions.

Journal vient du latin ancien diu – le jour – (devenu dies à l’époque classique, je précise pour les latinistes qui auraient été dans la lune le jour où le prof l’a expliqué et pour ceux qui croient que tout est figé une bonne fois pour toutes) qui a servi à former Jupiter  (diu- pater = le père du jour) et même l’anglais tue-s-day. Of course. C’est vous dire !

Et c’est vous dire aussi que ce dont je parlerai ne concernera pas que ce qui se passe le jour puisque la vie ne s’arrête pas la nuit. Jupiter fonctionnait non-stop,  24 heures sur 24, 7 jours sur 7, toute l’année, même le 1er mai, comme les stations-services et les distributeurs de billets. Comme je ne suis ni l’un ni les autres, je ne garantis pas que je publierai tous les jours.

Et c’est enfin vous dire que je ne vais pas me mettre raconter pour raconter, du genre : je me suis levé à 7 h 12 et il pleuvait. En réalité, c’était 7 h 13 et il ne pleuvait pas encore. Raconter pour raconter, je ne sais pas faire, raconter un peu pour accompagner,  difficilement. Si vous lisez Un hiver en Bretagne, vous avez peut-être remarqué que le texte n’est pas surchargé de descriptions ni d’événements extraordinaires. Certains en concluront hâtivement qu’il ne s’agit pas d’une fiction.

J’ai tendance, le mot est faible, à m’intéresser surtout à ce qui se passe dans la tête, du moins quand je tape sur le clavier. En revanche, quand je suis devant mon écran domestique – à part les infos d’Arte, et certains documentaires, je ne l’utilise que pour le cinéma – c’est différent en ce sens que j’aime à peu près tous les genres de films –  quand même pas trop la science-fiction – même ceux où il y a de grands espaces, des cow-boys et des  Indiens, des coups de revolvers et des sifflements de flèches (juste avant de tac ou poc, ça dépend, de son fichement, oui, c’est quand elle se fiche) et des sonneries de clairons quand arrive la cavalerie. Et même aussi et beaucoup les polars, les noirs, en noir et blanc,  si vous voyez. Et même les mélos, du côté de Douglas Sirk.

L’intérieur de la tête, pour aujourd’hui, sera celui de la tête de Richard Malka, l’avocat bien connu qui fut et est celui de Charlie-Hebdo. Je l’aime bien parce qu’il n’aime pas les religions, et moi non plus. C’est une raison qui n’est pas forcément suffisante, mais c’est quand même une raison.

Il était invité dans Les Matins de France-Culture le lundi 8 janvier. En référence à deux de ses livres (Le droit d’emmerder Dieu  (Oh ! *l’interjection, qui signifie une surprise, ici subtilement feinte, est de moi) / Traité sur l’intolérance) il dit notamment ceci : « Le problème c’est que la religion c’est quelque chose qui doit se vivre de manière intime, personnelle, spirituelle. »

Vous voyez l’intérêt du latin ? Non ? Religion, ce qui lie, indique un lien social. Alors, comment faire de ce qui est un lien social un quelque chose d’intime et personnel ?

Foi,  croyance, oui, peuvent être ce quelque chose.

Seulement, est-ce qu’une foi, une croyance peuvent exister sans la dimension sociale, religieuse ? Apparemment pas.

Alors, Richard, lui dirais-je, s’il était là, peut-être faudrait-il se demander pourquoi le besoin de croire produit le besoin de se lier à d’autres expressions de ce même besoin, une liaison qui renforce et entretient ces besoins, qui conduit à construire des églises, des temples, des synagogues, des mosquées,  à produire des institutions, des prêtres, des pasteurs, des rabbins, des imams, des dogmes et qui, toujours, engendre l’intolérance.

Même si tout le monde ne connaît pas l’étymologie de religion (on devrait apprendre le latin), ne serait-il pas utile d’en préciser non seulement le sens, mais encore ses applications dans la vie des individus (ils se disent croyants pratiquants, croyants non pratiquants, pratiquants non croyants) et des sociétés dont certaines ont encore pour loi la loi divine ?

Plus de précision dans le vocabulaire permettrait peut-être une pensée plus précise qui inciterait à choisir un vocabulaire plus précis qui inciterait à…

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