« Alors que Yaël Braun-Pivet [présidente de l’Assemblée nationale] et Gérard Larcher [président du Sénat] ont assuré qu’ils ne défileraient pas « à côté » de l’extrême droite dans le cortège dimanche, la participation du Rassemblement national et le choix de La France insoumise de s’en tenir à l’écart nourrissent l’embarras. » (A la Une du Monde – 09-11-2023)
Ma contribution :
L’absurde (apparent) révélé par cet événement tient au fait que le FN/RN a été et est considéré comme un parti politique, alors qu’il est l’expression électorale d’une pathologie collective – absence de perspectives, impasse, angoisse – qu’il est trop perturbant de reconnaître parce qu’elle remet en cause le principe du capitalisme, confondu avec ses formes modernes, et qui apparaît désormais sans solution alternative. De même l’étiquette « terrorisme » qui donne l’illusion d’une explication et permet de ne pas regarder ce qui génère les crimes de désespérance (= aucun espoir, rien à perdre sinon, dans le plus grand fracas possible, une vie impossible), autre expression de la même pathologie. Persister dans le déni ne peut conduire qu’au développement de cette pathologie et à la multiplication, sous toutes les formes, des comportements irrationnels.
Ma réponse à la contribution suivante :
« Si j’ai bien compris il y a un soucis avec le CV du passé de certains qui heurterait la sensibilité de la gôche ! OK allons y ! Je pense que M. Faure serait dès lors inspiré de s’expliquer sur la Francisque d’un certain Mitterrand ou M. Roussel sur le bilan globalement positif du Stalinisme selon Marchais !OUPS il sont morts et enterré…Cette marche est faite par ce qui se passe AUJOURD’HUI c’est à dire une lutte contre l’antisémitisme dans nos rues c’est tout et pour cela il faut le soutien de TOUS ! Et savoir QUI est le mieux placé sur la photo n’a strictement aucune importance. »
>> L’antisémitisme n’est pas le fait d’aujourd’hui mais l’expression d’un permanent dont seuls changent l’intensité et les modes d’expression selon les circonstances. Aujourd’hui, se déroule une des phases les plus violentes d’un problème de type existentiel non résolu entre Israël et les Palestiniens, parce qu’il n’a jamais été posé comme tel par les deux parties ni par la communauté internationale. Il y a cinquante ans, le PS et le PC ont proposé ensemble une alternative au système. Elle était perçue alors comme crédible, malgré les problèmes posés par l’histoire des individus et malgré la référence à l’URSS qui était l’expression – même détestée – d’un possible qui n’existe plus. Les sociétés sont orphelines d’une réponse au « commun », une préoccupation constante de l’humanité : d’où, depuis la fin des années 80, la résurgence de l’idéologie de l’extrême-droite et l’émergence au niveau international de ce qu’on appelle « terrorisme », expressions l’une et l’autre pathologiques de la désespérance.
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Deux ajouts :
– dans ce contexte d’affrontement entre Israël et le Hamas, la marche contre l’antisémitisme pourra difficilement être déconnectée d’un soutien plus ou moins implicite à Israël.
– Le FN/RN a toujours eu un comportement ambigu à l’égard d’Israël et de l’antisémitisme.
« Je ne dis pas que les chambres à gaz n’ont pas existé, je n’ai pas pu moi-même en voir, je n’ai pas étudié spécialement la question, mais je dirais que c’est un point de détail de l’histoire de la seconde guerre mondiale. » (J-M Le Pen, – 13/09/1987 – qui sera condamné pour ces propos, le 23/05/90 par le tribunal de Nanterre)
Invité du journal de 12 h 30 de France Culture (09/11/2023), Jonathan Hayoun, réalisateur, essayiste, rappelait qu’en 1986, dans Tribune juive, J-M Le Pen qui fondera le « Cercle national des français juifs » (une coquille vide, dit J. Hayoun) déclarait : « J’aurais beaucoup aimé participer à un congrès de parachutistes israéliens. ».