Israël, Palestine… dialogue

A la suite de l’interview de François Ruffin (10/10/2023) – député de LFI – dont le contenu est de la même veine que celle de l’article de Karim Kattan (cf. article précédent) –,  j’ai envoyé au Monde la contribution suivante qui a donné lieu à un dialogue que je reproduis.

** Je vous invite à écouter (en replay) sur France Culture, dans l’émission d’Emmanuel Laurentin « le temps du débat » (après le journal de 18 h 00), les interventions de Rony Brauman.

Contribution :

Rappel : le Hamas a obtenu la majorité des voix des Palestiniens aux législatives de 2006 (le maintien du Fatah aux commandes de l’Autorité palestinienne est le résultat de combines politiciennes nationales et internationales), comme, en Israël, la coalition droite/extrême-droite. Autrement dit, les uns et les autres sont l’expression politique majoritaire des deux peuples. La protestation occidentale contre l’attaque du Hamas est aphone quand il s’agit de la politique de colonisation israélienne qui dépossède violemment les Palestiniens de leur territoire, violant ainsi les résolutions des Nations Unies et les principes démocratiques. Idem pour le blocus de Gaza depuis des années. Si les massacres perpétrés par le Hamas sont inacceptables, il importe de compléter la condamnation par l’analyse du processus qui conduit depuis des décennies à cet enchaînement de violences considérées, selon les points de vue, comme des causes ou des conséquences.

Dialogue :

Berel : C’est le réflexe de bon aloi à chaque conflit israelo-palestinien. Gagnez du temps, évoquez directement 1948 et la volonté de « rejeter les juifs à la mer ». Dans le cas présent, le Hamas se proposait de « libérer l’espace entre le fleuve (le Jourdain) et la mer de toute présence juve ». Voilà au moins de la constance dans les objectifs.

Serge Bénard : Je suis de gauche. j’ai même été militant communiste actif quand j’étais jeune durant une dizaine d’années. Pour autant le mot « terroriste » ne me convient pas et je l’emploierai pas. Il s’agit pour moi de résistance à l’occupant israëlien.

Dan 78 @jean pierre : c’est sûr qu’une élection tenue dans un territoire en conflit permanent et qui donne gagnant une organisation terroriste qui tue des civils par centaine, on peut appeler ça une bonne leçon de démocratie, et le Hamas le représentant légitime d’un peuple.

Renato Briones : La responsabilité de la politique israélienne est connue, analysée, commentée, condamnée de toutes part depuis des années. Mais le problème aujourd’hui, c’est de savoir si l’on peut être de Gauche et ne pas condamner clairement les massacres commis par ce groupe terroriste, et se servir de ce prétexte pour ne pas le faire, en renvoyant dos à dos l’assassin et la victime. Le Hamas. , élu en 2006…

Tubal : Le Hamas a obtenu une majorité relative en 2006 (élections supervisées par l’ONU), et a fait un coup d’état en 2008 pour continuer à régenter Gaza alors qu’il devenait impopulaire, a expulsé les membres du Fatah, interdit toute expression démocratique et laïque, et emprisonne, torture ou liquide tous ses opposants. Il n’y a jamais d’élections sous le régime Hamas, bien entendu. C’est ça sa légitimité ?

Ma réponse :

> Renato, Dan : le Hamas avait obtenu la majorité dans l’ensemble du territoire palestinien (Gaza et Cisjordanie). Ce rappel pour souligner l’accumulation des frustrations  qui ont conduit à donner une majorité à un groupe islamiste radical. Lisez l’article publié dans Le Monde  écrit par Karim Kattan.

> S. Bénard : Le problème que pose le mot résistance, ici, ce sont les actes de violence aveugle que je comprends comme des actes de désespérance, comme ceux de ce qu’on appelle « terrorisme », une étiquette qui n’explique rien.

> Berel  : Vous abordez le problème avec une forme d’ironie que je trouve mal placée en regard des souffrances des uns et des autres, en particulier de ceux qui ont été dépossédés de leur territoire et qui continuent à l’être dans les conditions que je rappelle. 

>Tubal : Je ne dis nulle part que le Hamas est un mouvement démocratique.  Ce qui m’importe c’est de comprendre pourquoi il a pu obtenir une majorité à un moment donné. La question vaut aussi pour les Israéliens et le choix de l’extrémisme qu’ils ont fait lors des dernières élections.

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