L’agression russe et la lassitude

Le premier tour des élections en Slovaquie (01/10/2023) a placé en tête R. Fico, pro-russe, soutien de V. Poutine, qui  promet la fin de l’aide à l’Ukraine s’il est élu.

La lassitude – elle gagne du terrain aux USA – est un des paramètres de la stratégie de V. Poutine. Elle conduit en effet à l’oubli, ou si l’on préfère, au renforcement du déni, dont il faut avoir en tête que l’objet premier, essentiel, est la spécificité de la condition humaine qui produit l’équation capitaliste. En découle une multitude de dénis contingents, périphériques, plus ou moins importants, relatifs à tel ou tel événement.  Bref, « on ne veut pas /plus savoir ».

L’agression russe en est un exemple.

Même si on place le problème dans le contexte historique de la fin du Pacte de Varsovie après l’implosion soviétique, donc l’obsolescence de l’Otan et l’absence d’une discussion est/ouest qui aurait permis d’établir un nouvel équilibre, reste que les relations avec la Russie étaient normales, que V. Poutine était reçu partout et qu’en février 2022, l’existence et l’intégrité de la Russie n’étaient menacées par personne.

Autrement dit, il n’y a pas de rapport direct compréhensible entre la carence politique internationale d’il y a trente ans et l’invasion de l’Ukraine. C’est bien pourquoi V. Poutine a imaginé l’expression édulcorante « opération spéciale » pour qualifier ce qui n’est rien d’autre qu’une agression qui viole les résolutions de l’ONU et les principes fondamentaux du droit des nations.

En-dehors des raisons économiques qui peuvent expliquer certains soutiens internationaux, africains notamment, il est remarquable qu’il n’y ait pas d’unanimité pour dénoncer cet acte. Autrement dit, si V. Poutine a pu le commettre, c’est qu’il « savait » pouvoir le faire sans voir le monde se dresser contre lui.

J’y vois un signe analogue à celui qu’ont envoyé, sur le plan intérieur, les opposants, sur le plan extérieur, la France et l’Angleterre, au moment de l’arrivée d’Hitler au pouvoir : pour les « raisons » bien documentées que l’on connaît, ce n’était pas grave.

La crise qui a conduit à ce déni dans les années 1930 est comparable à celle d’aujourd’hui, en ce sens qu’elle était perçue par les Allemands comme une menace vitale (traité de Versailles, inflation, chômage…) et que les Français et les Anglais étaient dans le déni de leur coresponsabilité dans le processus.

La voie qui fut suivie alors était celle de la fuite en avant qui conduisit jusqu’à Munich et à la guerre mondiale.

La crise que nous traversons est aussi perçue comme une menace vitale, avec la différence qu’elle concerne la planète, que nous ne disposons pas des outils de correction, que nous le savons et que nous faisons comme si nous ne le savions pas :  compte tenu de l’importance des problèmes régler et à de l’urgence, nous ne pourrons pas inverser le processus du réchauffement et la seule voie exploitable est désormais celle de l’adaptation.

C’est ce que signifient la stérilité des différentes COP, les décisions particulières contradictoires relatives à l’exploitation des énergies fossiles, et l’absence de discours explicite.

Nous sommes donc dans une phase de déni du réel, donc de fuite en avant, dont l’agression russe et ses soutiens énigmatiques peuvent être considérés comme des signes, plus ou moins conscients.

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