« Fanatisme de l’indifférence », dit le pape François

L’expression papale dénonçant à Marseille l’indifférence générale aux milliers de migrants noyés en Méditerranée est ce qu’on appelle un oxymore : une alliance de termes contradictoires destinée à surprendre, à susciter des réactions (ex : une gentille cruauté, une belle laideur).

Le fanatisme implique une démesure absente de l’atonie qu’implique l’indifférence. Ainsi, le fanatisme suscité par l’immigration est la marque de l’extrême-droite qui est tout sauf indifférente.

Ce qui donne au pape une autorité de parole n’est pas d’ordre politique, philosophique ou moral, mais de l’ordre de la croyance religieuse dont il est le représentant : il est le successeur de Pierre chargé par le Christ, fils de Dieu, de fonder son église et de convertir.

Or, relativement à cette référence qui lui confère son statut,  l’obligation qu’il invoque « C’est un devoir d’humanité, c’est un devoir de civilisation » n’est pas adéquate, en ce sens qu’elle n’est pas la marque de la foi chrétienne – elle peut être reprise par un athée –  et qu’elle résonne de manière incongrue si on la met en regard de l’action de l’église dans le processus historique de la colonisation.

Alors, que devient la dimension catholique (=universelle) si la même foi peut, dans un temps donné,  contribuer à soumettre des peuples par la force militaire et économique au nom de Dieu, et, dans un autre temps, à les prendre en considération au nom de l’humanisme ?

Dans l’article du Monde (23/09/2023) et les comptes-rendus des chaines de radio, il n’est jamais fait mention d’une dimension chrétienne du discours.

Extrait de l’article : « D’un côté, « la fraternité, qui féconde de bonté la communauté humaine », de l’autre « l’indifférence, qui ensanglante la Méditerranée ». L’Europe, qui voit toujours plus de migrants arriver par la mer, est à un « carrefour des civilisations »,a répété le pape. Avec le choix entre « la culture de l’humanité » et celle de « l’indifférence »,a-t-il insisté. »

Autrement dit, le grand absent dans le discours du pape, c’est Dieu, ce qui autorise E. Zemmour à le récupérer « Que veut le pape ? Il veut que l’Europe chrétienne, berceau du christianisme, devienne une terre islamique ? »

On peut juger des effets par ce témoignage rapporté dans le même article du Monde :

« Michèle B. [le nom est cité], fervente catholique de 83 ans, fondait en larmes en voyant la voiture du pontife passer. Si elle comprend son engagement en faveur des migrants, elle ne souhaite pas « qu’il aille contre ce que veut faire le gouvernement ». Pour cette retraitée du domaine de la santé, « Marseille ne peut plus accueillir d’autres migrants ». « Il y en a trop déjà ! », assure-t-elle. Comme un écho à toutes les polémiques qui traversent la France en particulier, et l’Europe en général. »

Laisser un commentaire