La nuit de noces au 19ème siècle

« L’historienne Aïcha Limbada, revient, dans un entretien au « Monde », sur son livre, « La Nuit de noces. Une histoire de l’intimité conjugale », dans lequel elle restitue avec rigueur et sensibilité l’imaginaire nuptial du XIXᵉ et du début du XXᵉ siècle. » (A la Une du Monde – 04/09/2023)

Extrait : « A l’époque, une minorité de jeunes filles perdent leur virginité avant le mariage en raison d’une relation sexuelle désirée, d’un viol ou d’une activité prostitutionnelle. Et, dans les classes populaires urbaines, le concubinage n’est pas rare. Mais, en principe, les femmes doivent entrer dans la sexualité au cours de la nuit de noces ; c’est d’ailleurs ce qui se passe la plupart du temps. (…) Au XIXe et au début du XXe siècle, une partie des femmes arrivent au soir du mariage sans même se douter de l’existence des relations sexuelles. On les désigne par le terme péjoratif d’« oies blanches ». Elles sont informées par leur mère quelques heures, voire quelques minutes, avant d’aller dans la chambre nuptiale de l’existence de pratiques (souvent non explicitées) que leur mari leur demandera et auxquelles elles devront se plier. Parfois, elles vont au lit sans se douter de ce qui va se passer, comme le montrent les témoignages que j’ai mis au jour. Cette ignorance entretenue par les mères, et plus largement par les femmes déjà mariées, est instituée au nom de la pudeur et des convenances. Elle profite aux hommes et rend les relations intimes très inégalitaires : les femmes doivent s’en remettre entièrement aux volontés et aux gestes de leur mari. »

Ma contribution, suivie d’un dialogue :

« Cette soumission sexuelle et sociale de la femme a été justifiée par l’idéologie religieuse qui fait de l’homme la créature première (cf. Genèse, organisation de l’église) et rejette l’unité de l’être (mépris du corps, exaltation de l’âme). Les seules relations féminines de Jésus – asexué – sont sa mère (vierge) et Marie-Madeleine (synthèse : argent, prostitution, repentir). Autrement dit, un corpus de récits écrits par des hommes pour conférer à la domination masculine une dimension divine qui la rende indiscutable. L’enseignement historiquement dispensé par l’église persuade que la sexualité n’est autorisée que pour la procréation en-dehors de laquelle elle est source de péché… essentiellement pour les femmes/épouses/mères. Les hommes, eux, ne sont pas concernés, pour la sexualité comme pour l’argent, dans la cité comme dans l’église. »

Denis M-B (le contributeur signe de son nom que je ne reproduis pas intégralement)

« Dans la bible apparaît une forme en terre, puis une femme, « isha », nommée Ève, la vivante, puis un homme, « ish », nommé Adam, le glèbeux. La femme donc précède l’homme. »

Moi 

Il y a  d’abord  «« Dieu créa l’homme à son image, à l’image de Dieu il le créa, homme et femme il les créa »  et plus loin  : « l’Eternel Dieu fit tomber un profond sommeil sur l’homme, qui s’endormit ; il prit une de ses côtes, et referma la chair à sa place. L’Eternel Dieu forma une femme de la côte qu’il avait prise de l’homme, et il l’amena vers l’homme. » Autrement dit, d’abord l’humanité androgyne (cf. Platon) puis la distinction.

Denis M-B

« Ce devrait plutôt être traduit : : « l’Eternel Dieu fit tomber un profond sommeil sur le glèbeux, qui s’endormit ; il prit une de ses côtes, et referma la chair à sa place. L’Eternel Dieu fit une forme de chair de la côte qu’il avait prise du glèbeux , et il l’amena vers le glèbeux » et alors sont nommés, dans le texte, isha, la femme, d’abord, et seulement après ish, l’homme. »

Moi :

« devrait » dites-vous. Quelle traduction rend-elle de manière adéquate la réalité du rapport homme-femme ?

Denis M-B 

« Tant le « il les créa homme et femme » que le récit de l’apparition de la vie, issue d’une forme de boue, sont des tentatives de décrire objectivement, avec les connaissances de l’époque, la réalité humaine biologique telle qu’elle est. »

Moi

Le biologique qui « balance » en effet, depuis la conception, entre le masculin et le féminin – ce qu’ont du mal à accepter ceux qui confondent sexe et sexualité – nous rappelle que les discriminations sociales entre l’homme et la femme sont des constructions idéologiques que la  croyance en un créateur  inscrit dans un schéma divin pour lui donner la caution indiscutable du « naturel » par le truchement du « surnaturel ».

Le quota étant épuisé (une contribution / trois réponses) le dialogue ne peut que s’arrêter.

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