Dans une tribune au « Monde », un collectif de personnalités, parmi lesquelles l’académicien Erik Orsenna, les anciennes ministres Aurélie Filippetti, Elisabeth Moreno et Françoise Nyssen, l’ancien ministre Jack Lang, l’ancien ministre et ancien défenseur des droits Jacques Toubon, apportent leur soutien au ministre de l’éducation Pap N’Diaye, déplorant qu’il soit « si peu et si mal défendu » après ses déclarations au sujet de CNews. [« Face à la culture de haine que diffuse l’extrême droite, il faut défendre avec énergie les valeurs humanistes et démocratiques. »]
« (…) L’enjeu dépasse la situation d’un ministre si peu et si mal défendu face à ce genre d’attaque. En premier lieu, il faut rappeler que l’existence d’une presse indépendante (en interdisant la concentration des pouvoirs entre les mains de quelques financiers et en garantissant l’indépendance des rédactions), est un des piliers nécessaires d’une société démocratique.
Au-delà, ce qui se joue, c’est la bataille culturelle conduite depuis quelque temps déjà par une extrême droite qui diffuse une culture de haine. C’est contre cela qu’il faut défendre avec énergie les valeurs humanistes et démocratiques, comme l’a fait Pap N’Diaye, auquel nous apportons tout notre soutien. » (Le Monde – 18/07/2023)
Ma contribution : (publiée après quatre tentatives, pour cause de censure sans doute algorithmique)
Un « faux débat » en ce sens que la lutte contre l’idéologie d’extrême-droite ne passe pas par la défense de « valeurs » mais vise ce qui lui permet de se développer, à savoir les peurs et l’angoisse existentielle. Ceux qui, il y a moins d’un siècle, assassinaient les juifs s’étaient laissé persuader, parce qu’ils en avaient besoin (cf. le chaos de l’époque), qu’ils « se » (eux, leur pays, leur civilisation) défendaient contre une menace mortelle. Aucun argument ne peut convaincre ceux qui sont convaincus d’une cause externe à ce qui est d’abord un problème interne (individuel et collectif) et ils trouveront toujours des faits et des personnes – réels – pour justifier ce qu’ils ne veulent ou ne peuvent pas regarder en face. « Ils sont partout » est toujours d’actualité, « Ils » étant une variable d’ajustement.